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                        CHRONIQUE LOCALE.




   L'interdit qui a frappé le Censeur n'a pas encore été levé ; nous en somme» tou-
jours réduits au monologue solitaire que récitent chaque matin dans un pacifique a
 Parle les trois journaux qui nous restent, le Courrier, la Gazelle el le Salin l'ublic.
Nous disons monologue, car, malgré les tendances réelles qui séparent ces trois
journaux, on ne les a jamais vu discuter entr'eux, ils auraient trop peur de ne pas
s'entendre au premier mot, et pour ne pas troubler, à ce qu'il parait, la paix publi-
que, jls préfèrent s'en tenir aux soliloques.
    Quoi qu'il en soit, c'est une chose fâcheuse, et qui, en d'autres temps,eût fait
gland bruit, qu'un journal suspendu sans jugement ; l'état de siège existe, dit-on;
soit; mais l'état de siège, c'est la substitution de l'autorité militaire à l'autorité nor-
male, la substitution des conseils de guerre au jury. Pourquoi alors ne pas traduire
le Censeur devant un conseil de guerre? a-t-on peur qu'il soit acquitté, même sous
 l'état de siège et par un tribunal spécial ?
    Certes, l'état de siège subsistant encore dans une ville, six mois après l'émeute
qui lui a donné naissance, l'état de siège subsistant au maintien de la tranquil-
lité la plus parfaite, alors que Paris lui-même en est délivré, cela esl diffi-
cile à comprendre , cela est exorbitant; mais que l'état de siège soit l'abrogation
pure et simple de toutes les lois, que, grâce à lui, l'accusé n'ait plus déjuges, la
propriété — et un journal est une propriété — plus de sauvegarde, cela, en vérité,
ne se voit ni à Saint-Pétersbourg, ni à Constantinople.
    Il nous semble qu'avec toutes ses rigueurs soi-disant tutélaires et paternelles,
avec cet arbitraire préventif, sans exemple, nous nous préparons de mauvais jours;
il n'est pas bon, pour les sociétés civilisées, qu'elles s'accoutument à se passer des
lois ordinaires, à vivre sous un régime extra-légal ; le bénéfice d'un tel état de
 choses n'est qu'apparent ; lot ou tard il vient quelqu'un qui se sert du bon plaisi»"
 à son profit, et qui l'emploie rudement ; lot ou lard le despotisme se fait un argument
 terrible de cesantécédents,arrachésà la complaisance ou à la torpeur de l'esprit public.
    Les hommes d'ordre se taisent aujourd'hui, ils laissent faire ; ils ne furent pas
toujours si débonnaires : et, sans remonter jusqu'aux règnes de Charles X et de Louis.
  Philippe, il nous souvient qu'à propos de l'état de siège voté par la Constituante et