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                 LES BÉGUINS
         ET LEUR PROPHÈTE DIGONNET.

                               (SUITE ET FIN).




                                     Soyez jiUirôt mftçori, ni t'eut votra métier....

   Digonnet, après avoir secoué la poussière de ses sabots, recom-
 mença à évangéliser son peuple. Les processions serpentèrent de plus
 telle, le trafic des contremarques célestes et l'assurance des conscrits
 prospérèrent de nouveau. Quelques jeunes filles trouvèrent, par ha-
sard , de petits enfants sous des feuilles de choux. Les rixes et les
coups brillèrent, sur l'horizon, d'un nouvel éclat.
   M. le maire se fâcha une seconde fois, et le nouveau Dioclétien or-
donna la seconde persécution contre les Béguins. Digonnet fut arrêté
au milieu de ses disciples. Aucun ne le renia.; aucun ne le trahit. On
eut quelque peine à le dénicher d'abord, car le prophète s'était preste-
ment blotti dans une armoire, où il recoquillait,de son mieux, sa divi-
nité pour la rendre invisible.
   Il comparut, le 5 juin 1847, devant le tribunal correctionnel de St-
Etienne, non comme un prévenu vulgaire, mais comme un chef de
secte.
   Son regard est assuré, sa voix ferme et vibrante. Il tient à la main
une élégante blague de velours vert, garnie d'enjolivures en argent ;
H y puise de temps à autre quelques pincées de tabac qu'il met dans
sa bouche. Des Béguines lui font passer un flacon d'essence de roses
qu'il répand sur ses vêtements (1).
   Digonnet se défendit avec toute l'habileté cauteleuse d'un vieux
procureur de Basse-Normandie ; il glissait à travers les pièges, les

  [i) Compte-rendu des journaux de St Etienne.
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