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                          ET DU COMMERCE.                            349
la Bourgeoisie puisse employer pour mettre un terme aux révolutions
pour opérer la réconciliation entre les possesseurs et les prolétaires,
pour conserver le bien-être des riches, tout en donnant également
le bien-être aux pauvres : car je l'ai dit dans maint endroit, le vrai
 socialisme ne veut point abaisser les riches, mais il veut élever les
 pauvres, et, quant à moi, je le jure, j'en suis absolument convaincu,
 ce que le socialisme veut, il est en mesure de le pouvoir, il renferme
 flans son sein des institutions capables de réaliser cette utopie.
    CRÉER ASSEZ DE RICHESSES POUR QU'IL Y EN AIT POUR TOUS. Parmi
 les institutions d'un socialisme sauveur pour toutes les classes, je
place en tête les institutions de crédit et de commerce.
    Cette conviction ne date pas d'hier, je n'ai pas attendu les consé-
quences de la Révolution de février pour voir le mal et pour me hâ-
ter légèrement, ainsi que vous m'en accusez, d'apporter un remède
 improvisé.
    Non, Monsieur, ni le mal ni le remède ne sont improvisés.
    Ni l'un ni l'autre ne sont provisoires.
    Le mal, LA CHUTE DU CRÉDIT, malgré votre opinion contraire, est
profond, et je le déclare incurable, si l'on continue de suivre les er-
rements anciens.
    En effet, quelle était la situation du crédit avant la Révolution de
février (je ne parle ici que du crédit commercial )? J'en appelle à tous
les souvenirs, depuis plusieurs années, les mœurs commerciales étaient
changées, envahies par la fièvre de l'agiotage et de la spéculation,
elles avaient banni toute confiance, les meilleures maisons étaient
suspectes, il n'y avait pas un homme sensé en France qui ne prévit
alors que l'ancien système de crédit marchait à l'abîme.
    La raison en est bien simple, la confiance faisait la base de cet
ancien système, mais la confiance suppose honneur et probité, la
confiance exige que, lorsqu'un négociant lance une lettre de change
en circulation, celui qui la tire ait réellement livré une valeur, celui
qui l'accepte soit en mesure de la payer à l'échéance ; autrefois cela
se passait ainsi, mais, depuis longtemps, ce qui eût été le comble du
déshonneur,n'est plus qu'une espièglerie ; signer des lettres de change
sans garantie, faire des billets de complaisance, c'est-à-dire faire de
la fausse monnaie, manœuvrer pour arriver à une banqueroute savante,
sont devenus communs.
    Et, c'est lorsqu'il règne une pareille corruption, que vous prétendez
que la confiance est prête à renaître, et que je me suis trop pressé de
croire que le mal était ancien et profond,de croire que la Révolution de