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350 RÉFORME DU CRÉDIT février n'a fait que hâter de quelques jours une catastrophe inévitable? Non, monsieur, je ne me suis point trop hâté, c'est en connais- sance de cause que j'ai dit que l'ancien crédit, basé sur la lettre de change, c'est-à -dire sur la confiance aveugle, ne se rétablirait pas, par la bonne raison que rien de ce qui engendre la confiance n'existe plus. Personne ne veut plus de ce papier-monnaie menteur que rien ne garantit, qui n'est qu'un assignat sous la garantie et la surveillance du Gouvernement. Je n'en veux, pour preuve, que la situation des portefeuilles de la Banque de France, et la tendance générale à la vente au comptant ou à un terme très-rapproché ; et, c'est justement parce que la circulation est privée de ce signe représentatif, que les affaires ne peuvent reprendre. Or, rétablir la lettre de change étant impossible, il faut bien rem- placer ce signe d'échange par un signe supérieur, dont la garantie ne soit jamais douteuse, dont les révolutions elles-mêmes ne puissent ébranler le droit à la confiance. Ce signe, c'est le billet de la banque d'État. Ce mot banque d'État a la propriété d'effrayer quelques esprits. Ils supposent que la banque d'État serait entre les mains du gouvernement, dont la banque serait un ministère, c'est-à -dire que le ministre de la banque réglerait les émissions de papier, nommerait aux emplois, etc., etc. II n'en est rien ; banque d'État veut dire une institution faite pour tous et par tous, complètement en dehors du Gouvernement, qui n'a pas le droit d'y toucher, le peuple et les représentants du peuple de- vant seuls être chargés de l'administration et de la surveillance, car on n'est jamais si bien servi que par soi-même. Je ne puis entrer ici, faute d'espace, dans le détail du mécanisme de la banque d'État; mais je puis définir cette dernière en peu de mots: La banque d'État est un hôtel des monnaies, qui n'a d'autres fonc- tions, que de faire de la monnaie avec toutes les valeurs authentiques et expertisées qui lui sont apportées. La banque d'État fait donc de la monnaie avec les valeurs meubles et immeubles, de même que la banque de France fait aujourd'hui de la monnaie avec l'or qu'elle enfouit dans ses caves. Le billet de ban- que n'est donc pas autre chose que la monnaie d'une valeur authen- tique déposée à la Banque. A vrai dire, et vous l'avez reconnu, ce système ne constitue pas po- sitivement une institution de crédit. En effet, la banque d'État n'em- prunte ni ne prête, ELLE MONETISE, VOILA TOUT ; après cela, elle laisse pleine et entière liberté à ceux qui ont fait monétiser un gage de se servir