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 324                          CHRONIQUE MUSICALE.
 cantatrice : elle a rencontré des traits heureux, et le plus souvent réussi tout ce
 qu'elle entreprenait. Mais nous ne lui conseillerons point de recommencer une pa-
 reille tentative, dans les mêmes conditions. La salle du Cercle musical n'a pas l'am-
 pleur, le vague de sonorité, si précieux pour certains artistes. — Sa coupe elliptique
 rapproche les sons, et concentre les moindres vibrations vers le tympan. Il faut un
 grain bien pur, il faut une méthode de vocalisation bien sûre, pour oser affronter cet
 examen à la loupe. Je ne connais guère, jusqu'à présent, que Tamburini qui y ait
résisté. — Puis, pourquoi choisir ces airs qui, dès la première note, rappellent
les plus éminents talents qui aient illustré la scène ? Laissez-les aborder par nos
premières ou fortes chanteuses de province. Personne ne songera à dire en quoi
 elles se seront montrées inférieures à la Grisi, ou à la Malibran. Mais, ce qu'elles
 peuvent impunément se permettre vous est, dans votre intérêt même, défendu; car
 vous avez assez de talent pour que, en vous entendant, on se souvienne et on
compare !
    h'andante et le final de la symphonie en ni avaient été remarqués, à la première
 séance, par leur irréprochable exécution. On a cru devoir les répéter devant un
public plus nombreux ; et c'était sagement pensé. Mais, quelque danger qu'il y ait
 à se montrer si pointilleux, je ne saurais m'empêcher de dire que cette seconde
épreuve n'est pas aussi bien venue que la première. L'andanle, notamment, qui de-
mande tant d'abandon, un laissez-aller si reposé, si passif, a été pris avec une verve
qui s'animait de plus etl plus et tendait à en faire à la fin un véritable atlegro. Je
constate que G. Hainl résistait de son mieux au torrent ; et je ne serai pas le seul à
le constater, car il tenait sans doute à ce que toute la salle entendit ses protestations.
Il n'a donc été qu'entraîné ; mais il l'a été. Qu'il s'arrange à l'avenir pour gouverner
réellement, car je l'avertis que tout Lyon s'habitue de plus en plus à le rendre lui
seul responsable.
                                                                      DD.


   Au moment de mettre sous presse, nous recevons des nouvelles du choléra, que
nous croyons devoir communiquer au lecteur, bien convaincus qu'en présence d'un
danger public, il vaut mieux dire toute la vérité que de laisser à la peur la latitude
de grossir les choses. Avant-hier, le fléau a paru à l'Hôpital militaire, avec une cer-
taine intensité. Dans la journée de jeudi,à trois heures du soir, treize malades avaient
clé frappés : sur ce nombre, six étaient morts dans la soirée, et la nuit, il v a eu six
cas nouveaux et cinq morts, en tout, jusqu'à présent, dix-neuf cas et onze morts. —
L'épidémie n'a pas franchi le seuil de l'hôpital : espérons qu'elle s'y éteindra
   C'est tout-à-fait ici le cas de rappeler l'importance extrême des soins hygiéniques
pris de bonne heure. Traiter le moindre dérangement d'entrailles comme une mala-
die, par le séjour an lit, la chaleur, la diète, quelques infusions théïformes addition-
nées de vingt à trente gouttes de laudanum par jour,... Toilà re qui, fait à temps,
réussira huit fois sur dix, à enrayer la marche de l'affection.


                                                    LÉON Boirtr. , gérant.