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.'284 CHRONIQUE POLITIQUE. nom, et par les suggestions des familiers de l'Elysée ? il en court de sourdes rumeurs. Constamment démenties par les protestations offi- cielles, elles renaissent chaque jour. On fait circuler, de la bouche à l'oreille, le programme et l'ordre de la marche du coup d'état ; on distribue à l'avance les rôles des grands personnages de l'empire. Le pays s'inquiète , le travail hésite, les partis se regardent et se pré- parent. Vaines terreurs ! Le Président subit la juste défiance de son nom. Que le serment républicain de Louis Bonaparte soit sincère ou couve une trahison, peu importe ! La République repose sur des bases trop larges, pour être renversée par la main d'un homme. Le nom ne fait pas le génie. 11 faut avoir sauvé deux fois la France de l'invasion étrangère, et l'avoir tirée de l'abîme de l'anarchie, pour oser tenter de confisquer ses destinées. Le cycle de l'épopée et du gigantesque est terminé ; il a fait place à l'ère du bon sens pratique,. du maniement des affaires par tous, des relations faciles et tolérantes, de l'esprit de famille et de cité, du goût des choses droites, simples et utiles. Toutes les convulsions de la Révolution, tout l'éclat de l'empire ne valent pas l'activité la- borieuse de la démocratie américaine. Et à tout prendre, comme dit le bonhomme Richard, mieux vaut un bon pourpoint de laine sur le dos, qu'un manteau de pourpre sur l'épaule d'un autre. FRANZ WEIHER.