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                        LETTRE D'UN GENEVOIS.                       279
par tous les pores le virus ; à ce premier point de vue, l'avenir est
effrayant. L'organisation militaire la plus anti-sociale ne soulève au-
cune réclamation.Tout citoyen est soldat,chacun,sans distinction de rang
ni de fortune, conquiert ses grades par sa bravoure et son talent. Aussi,
peut-on voir, dans certain district, des gens comme il faut, com-
mandés par leurs cordonniers et perruquiers. Les municipalités et
les bourgeoisies de ce canton doivent être, je le soupçonne, enta-
chées de socialisme ; elles prennent soin des pauvres, et, en un pays
de liberté, on n'est pas libre de laisser son prochain mourir de faim.
L'agriculteur propriétaire n'est pas rongée par l'usure, et emprunte
à 3 1/2 ou 4 %, à l'aide des lettres de rente, et au détriment des no-
taires qui ne touchent pas de ces beaux honoraires qui font tant
d'honneur et de bien à la France. Enfin, il n'est pas jusqu'au gou-
vernement qui s'occupe du peuple et s'est avisé de réaliser le droit
au travail, chose très-blâmable en ce qu'elle est socialiste d'abord,
et de plus, contraire au principe économique du laissez-faire et du
laissez-passer pour lequel je vous sais une foi sincère. Ne rien faire,
c'est preuve de science, comme c'est commode et combien nos con-
citoyens doivent nous savoir gré que dans nos loisirs nous daignions
leur prouver que pour eux il n'y a pas de place au banquet de la
vie et qu'ils doivent s'en aller. J'ai hâte de m'arrêter, craignant de
blesser l'orthodoxie du moment et voulant avant tout conserver votre
estime en même temps que votre amitié..

                                                            H.