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CHRONIQUE POLITIQUE. LE MESSAGE DU PRÉSIDENT. Sur la scène espagnole, on jouait, il y a quelques jours, un délicieux proverbe fantasque, bizarre, où l'invraisemblable le dispute à l'impré- vu, et le caprice à l'étourderie. Isabelle y avait déployé toutes les ri- chesses et toutes les ressources'de l'espièglerie d'une jeune femme et d'une jeune reine. Son royal époux, Paquito, avait certainement fait montre de toutes ses qualités brevetées et garanties, dans l'emploi de mari de la reine. Narvaez, en capitan matamore, avait été superbe, et Christine n'avait point paru déplacée, comme duègne-douairière qui connaît toutes les fausses portes, les escaliers dérobés, les tapisseries complaisantes à l'usage de la camarilla. Le dénouement surtout avait été très-applaudi. Le père Fulgencio, avec sa besace pleine d'indulgences topiques pour les péchés mignons ; la sœur Patrocinia, avec sa gibecière garnie de recettes dévotes pour les cas difficiles, et surtout don Cléonard, avec son air honteux et confus, avaient fort réjoui le bon public espagnol, qui a toujours mon- tré le goût le plus vif pour les saynettes royales. L'imbroglio de Madrid nous avait paru charmant à nous autres Français, et d'un marivaudage à tenter la plume légère de Scribe. 11 n'y a qu'en Espagne où l'on voit de ces coups de théâtre, disions-nous. En France, notre bon sens, notre esprit railleur et narquois ne permet- traient, dans le monde politique, ni les surprises, ni les fantaisies gou- vernementales, ni les coups de tête. Eh bien ! Louis-Napoléon Bona- parte, par un changement à vue fort bien réussi, vient d'introduire sur la scène politique de notre pays le ° accadé, la brusque et subite inspiration de l'oncle, dont le Président rie porte guères que le nom. Ce pauvre ministère Dufaure-Barrot reposait en paix, vivait douce-