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270 LYON APRÈS LE 9 THERMIDOR. Les représentants vinrent, en sortant de la Société populaire, tenir une séance au sein de la municipalité. Ils y lurent leur arrêté, qui en reconstituait les membres, et eurent soin de répéter qu'il n'y avait rien à reprocher aux magistrats non réélus, mais qu'eux-mêmes de- vaient sentir que les mêmes hommes ne pouvaient rester constamment en place. Un des membres exclus, déposant son écharpe, protesta de son attachement constant à la Révolution, à la République et à la Con- vention nationale. « Si quelqu'un, ajouta-t-il, a des reproches à nous faire, qu'il le fasse avec loyauté et en franc républicain. Point de pe- tites dénonciations, point de démarches équivoques. Nous avons des représentants justes, c'est à eux qu'on doit porter des plaintes haute- ment et à découvert ; nous serons toujours prêts à nous justifier de la même manière ! » Reverchon se hâta de répondre que l'équité des représentants du peuple ne permettrait jamais que personne fût vic- time de la calomnie. Le lendemain était l'anniversaire du 10 août. On fît de l'ancienne fête un symbole pour la nouvelle situation. L'effigie de Robespierre, exposée sur un bûcher, fut brûlée aux acclamations officielles que Re- verchon eut le soin de provoquer par un discours où l'outrage était partagé entre le monarque détrôné le 10 août, et le tribun tombé le 10 Thermidor. La première épuration des autorités siégeant à Lyon les laissa avec un singulier mélange d'anciens révolutionnaires et d'hommee nou- veaux. Bertrand resta chef de la Commune; toute réaction commence par entamer avant de renverser. Peut-être aussi que Dupuis, qui ne passait pas pour être attaché à la faction de Thermidor, balançait Re- verchon, qui s'y était dévoué. Mais Laporte fut envoyé pour remplacer Dupuis ; alors, le procon- sulat de Lyon fut composé comme après le mppel de Fouché. Or, nous devons nous rappeler des querelles violentes qui avaient existé entre les deux proconsuls Laporte et Reverchon,et les Patriotes lyon- nais, et des querelles plus anciennes qui avaient existé entre les Pa- triotes lyonnais, et Fouché et la Commission temporaire. Ces divi- sions locales vinrent s'ajouter aux passions thermidoriennes. Les pa- triotes lyonnais l'avaient emporté par l'appui de Robespierre; on avait beau jeu pour leur faire maintenant un crime de cet appui et les signa- ler comme les fauteurs de la tyrannie. Déjà l'épuration du 22 Thermidor avait porté précisément sur les officiers municipaux exclus par Fouché en germinal ; comme alors on n'avait pas osé aller jusqu'à Bertrand. Mais les choses marchaient ra- pidement pour faciliter une attaque plus décisive.