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268                   LYON APRÈS LE 9 THERMIDOR.

d'y faire régner l'abondance, d'ouvrir la barrière aux arts et au com-
merce, et d'y assurer le triomphe de l'égalité et de la liberté.
   Le même jour, les deux proconsuls se transportèrent au sein du
Conseil de la Commune^ et y tinrent une séance solennelle. « Nous
venons, dirent-ils, dessiller les yeux à un peuple égaré et séduit qu'on
a entraîné de maux en maux ; nous venons arracher le bandeau de
l'erreur qu'on a mis sur ses yeux.... La conspiration avait des rami-
fications, et les conspirateurs des complices. Il faut les dévoiler, les
dénoncer et les envoyer pardevant les tribunaux, qui,en feront justice.
Des esprits altiers et dominateurs vous conduisaient encore une fois
sur le précipice où vous alliez retomber et vous perdre, car la Con-
vention fait rentrer d'un souffle tous les ennemis de la patrie dans le
néant.... Bons citoyens, retournez à vos travaux, ranimez l'industrie,
revivifiez cette commune malheureuse.... veillez sur vous.... défiez-
vous des serpents que vous réchauffiez dans votre sein.... Ah! cène
sont pas les individus, c'est la patrie qui doit toujours fixer vos re-
gards.... »
   Le maire et plusieurs autres membres répondirent à ces discours,
en adhérant aux conseils qu'on venait de faire entendre. Les repré-
sentants reprirent en insistant de nouveau sur leur appel au travail
et aux vertus qui constituent le bon père de famille et l'honnête
homme. Leurs paroles semblent avoir pour but d'arracher le peuple à
la vie politique pour le rendre à la vie privée. A la fin de la séance, le
maire Bertrand dit : « Nous ne terminerons pas cette séance mémo-
rable, où la représentation nationale est venue instruire les magistrats
et éclairer le peuple, sans exprimer la reconnaissance dont nous som-
mes pénétrés... Au nom du peuple, au nom du Conseil général, je de-
mande aux représentants qu'ils me permettent de leur donner l'acco-
lade fraternelle, en témoignage de l'union inviolable du peuple avec
ses mandataires. »
   Robespierre avait, à Lyon, des clients, des gens qui lui étaient atta-
chés par les liens du patronage et des bienfaits, c'était la ville entière;
mais évidemment il n'avait point de complices, c'est-à-dire des gens
à qui il aurait fait confidence de ses projets d'ambition, et qui étaient
 résolus à les seconder. Il n'y en avait point, surtout,- qui fussent dispo-
 sés à relever, au prix d'une guerre civile, une dictature avortée dans
 le sang de l'homme qui fut accusé d'y aspirer. Mais il fallait que la
 réaction se prononçât ; nous allons la voir naître et se développer, par
 les périodes ordinaires de toute réaction, le déplacement des pouvoirs,
 et la destitution des fonctionnaires ; puis l'appel à de nouvelles théo-