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                     LYON APRÈS LE 9 THERMIDOR.                         265
    I-a victoire de Robespierre, au 9 Thermidor, aurait fait aboutir la
  Terreur à une grande dictature révolutionnaire. Vaincu, il emporta la
 Terreur avec lui sur son échafaud ; elle se brisa comme un ressort
 forcé, sans laisser rien à sa place pour servir de lien à la révolution ;
 car, la révolution n'avait plus même sa première puissance d'entraî-
 nement et d'initiative populaire. Elle ne bouillonnait plus ; la Terreur
 avait glacé les âmes. La foi à la révolution, l'enthousiasme et le dé-
 vouement n'existaient plus qu'aux armées, où l'énergie des levées de
 1792 et 1793 s'était fortifiée de l'honneur militaire et de l'orgueil de la
 victoire. Grâce aux armées, la République dura encore quatre années
 après le 9 Thermidor, et elle ne périt que parce que les armées crurent
 encore la sauver, en élevant le pouvoir qui devint un trône.
    Le 9 Thermidor recelait le germe de tout ce qui l'a suivi, le déchaî-
 nement des passions individuelles, l'anarchie des idées et la rétrogra-
 dation révolutionnaire ; c'était la révolution se retirant du peuple, re-
 venant de 1793 à 1790, moins l'entraînement et la générosité, et de
 plus, avec les ressentiments, les haines, les craintes. La révolution,
 déviée dans la Terreur, se perdait, la Terreur tombée, dans le relâche-
 ment et la démoralisation ; et les deux causes successives d'altération
 s'enchaînaient tellement entr'elles, que là où la Terreur avait le plus
 sévi, là le relâchement et la démoralisation devaient se manifester da-
 vantage. Est-il donc étonnant que Lyon, si cruellement distinguée entre
 les villes françaises comme le théâtre de la faction sanguinaire, ait été
aussi le principal foyer de la réaction de .Thermidor ?
    Rappelons-nous maintenant l'état de cette ville, à l'époque que nous
avons atteinte. Commune-Affranchie délivrée, par l'appui de Robes-
pierre, du joug affreux de Collot-d'Herbois et de Fouché, jouissait
d'une sorte de calme lugubre dans son enceinte dévastée, et cherchait
à consolider son existence, à reconstituer son activité industrielle, sous
l'égide des amis de Chalier et de Gaillard. Les hommes qui s'appe-
laient ainsi, formaient une société populaire, qui donnait l'inspiration
à toutes les autorités de la ville et du département, société nombreuse ;
car une grande quantité de citoyens, amis de l'ordre et de la concilia-
tion, s'y étaient affiliés, suivaient assidûment ses réunions, adoptaient
volontiers la phraséologie révolutionnaire en usage, concouraient à
ces adresses qui faisaient dire à la Convention que Commune-Affran-
chie était régénérée, et offraient à la patrie des vaisseaux et des cava-
liers Jacobins. En réalité, liés aux Patriotes, dont ils portaient d'ail-
leurs le masque, par la peur commune qu'ils avaient eue de Fouché,
ils contribuaient à les maintenir sous ce drapeau de clémence el de