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      Moi, je t'ai Vu descendre et sévir sans effroi.
      Je n'ai pas dit: Hiver, éloigne, éloigne-toi ;
      Laisse des doux vergers mûrir les pommes, laisse
      Se prolonger l'espoir de l'heureuse jeunesse,
      Vivre l'illusion du monde printanier ;
      Je n'ai point imité le prudent jardinier
      Qui, pour mieux protéger un arbrisseau fragile,
      Sait du chaume tressé faire un rempart utile ;
      Non, car cet arbrisseau c'est moi, c'était mon cœur ;
      L'irrésistible amour y jaillissait en fleur ;
      La sève avait gonflé les tissus del'écorce,
      D'innombrables bourgeons éclataient avec force ;
       Et je t'ai dit : Descends, viens, ravage à ton gré
      Ce cœur où, malgré moi, trop d'amour est entré ;
       Frappe, n'épargne rien ; taris sa vie, émonde
       Tout ce feuillage, enfant des sèves vagabondes ;
       0 saison du repos, ô saison de l'oubli,
       Ah ! glace les ardeurs dont mon sein est rempli !
      Ou plutôt, si tu veux, dans un eoup de tonnerre,
       Comme tu fends parfois le chêne centenaire,
      Fends mon cœur, fends mon cœur, et qu'il vole en éclats !
      Car, je t'invoque, Hiver, et tu ne voudras pas,
      Ennemi du Printemps, des roses, du Zéphire,
      Quand rien ne se dérobe à ton farouche empire,
      Quand tout ce qui demande à sourire, à briller,
       A renaître, est par toi contraint de sommeiller,
       Non, tu ne voudras pas que, seul, je sente encore
       La rosée affluer et les roses éclore ;
       Non, comme les vergers, les plantes, les buissons,
       Mon âme aura sa part de neige et de glaçons ;
       Ce téméraire amour, délire de ma vie,
       Ces bourgeons où se perd la sève qui dévie,
       Ce printemps douloureux qui frémit dans mon sein,
       t'e luxe amer, ces fleurs, cette couronne enfin