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                       POÉSIES.                             253
Qui sèche, en l'épuisant, l'arbuste qui la porte,
Prends-les ; — que loin de moi ton souffle les emporte -r
Prends-les ; — de cet amour que je sois délivré,
0 pacifique Hiver, et je t'en bénirai,
Toi qui peux assoupir les flammes invisibles,
Celles du cœur, hélas ! plus vives, plus terribles
Que tous les feux cachés dans le vaste univers ;
Et déjà j'ai voulu te consacrer ces vers.

Pourtant, ô morne Hiver, ton règne aura son terme.
Un jour, le laboureur, sur le seuil de sa ferme,
Dans le ciel nuancé de riantes couleurs,
Verra passer un char de feuillage et de fleurs,
Le beau char du Printemps, d'où tomberont des roses ;
Alors, quel grand réveil ! quelles métamorphoses !
Un feu voluptueux embrase l'univers,
Dilate les sillons et soulève les mers.
L'air est plein de zéphyrs. Les neiges écoulées
Chantent joyeusement dans le fond des vallées;
La terre triomphante a recouvré ses voix ;
Les bois, sur le vieux mont, se redressent ; les bois
Agiteront bientôt leur verte chevelure ;
Tous les êtres, du sein de l'antique nature,
Se dégagent, pressés de remonter au jour ;
O flammes, ô rayons, ministres de l'amour,
O souffles du Printemps, haleine créatrice,
Vous ne passerez pas, sans que je refleurisse l
L'arbuste n'est pas mort. Non, un amour nouveau
Va s'élever plus pur, plus durable et plus beau.

                                             DANIEL.