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DE L'INSTITUTION DU JUGE. 201 l ™ considérée comme un crime religieux, puni des peines les plus atr oces, pour venger la divinité (1). Le catholicisme même a conservé longtemps cette confusion, ainsi lie l'attestent la justice rendue par le clergé, et la juridiction ecclé- ^stique, maintenue jusqu'au XIXe siècle par le tribunal de Pinquisi- 10l *> dont la chute, en Espagne et en Italie, date de ces dernières années. En feuilletant ce qui nous reste de l'histoire des peuples de la plus a ute antiquité, la formule de Vico se trouve vérifiée. "ans l'enfance des sociétés, tout est ramené à des divinités aussi 8rossières que ces premiers âges. Les institutions découlent de la religion, et la justice se confond avec e "e : le prêtre et le juge ne font qu'un. Hermès, Moïse, Orphée, Zoroastre, Manou sont les types de cet âge "Ul> dans les espaces immenses des temps, ne projettent jusqu'à nous que des lueurs incertaines. Mais, à travers ces obscurités, se dégage néanmoins une vérité que "Omme doit se rappeler : la justice vient de Dieu, et c'est à cette source toujours pure que doit être ramenée la justice humaine. 111. De l'époque héroïque de l'institution du Juge. L'âge primitif ne se manifeste à nous qu'à travers des mythes obs- CUr s, des symboles mystérieux. Les nations qui grandissent n'ont, pas Plus que i e s hommes, conscience de leur enfance. Le passé s'enveloppe e voiles et d'emblèmes, que la mémoire humaine a peine à percer. A ei ifance d'une race succède l'âge de la jeunesse. La saison de l'acti- vé, le temps des grandes choses et des fortes passions, c'est l'époque "éroïque. Dans cette seconde phase, les héros se disent issus des dieux, ils se ^gardent comme supérieurs à ceux qu'ils dominent. Leur droit est e ur force, leur loi est au bout de leur épée, dont ils n'abaissent la P°inte que devant la religion, qui tend sans cesse à maîtriser leur fé- rocité. 0 Robertson, Histoire d'Amérique.