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                      BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,                           191
  jiue des mots, les vives couleurs de son style plus qu'un bariolage fan-
      Sf
        iue, ses victoires même plus qu'une brutalité sans gloire. Voyez ce
  Qui arriva du pamphlet de Chateaubriand. H était fait pour abattre
     a
       poléon dans l'opinion publique, au moment même où l'Europe, pour
    battre matériellement, ajoutait à ses forces insuffisantes les intrigues
  , ' e s trahisons du dedans. Eh bien ! une année n'était pas encore
      °ulée, que l'empereur, débarquant à Cannes avec six cents compa-
 rons de son exil, renversait, sans un seul coup de fusil, cet édifice de
       Restauration, fondé derrière les baïonnettes étrangères. Le 20 mars
 , ° ntr ait de combien peu avait servi la magie du style de Chateau-
      •and. Le Génie du peuple protestait contre celui de l'écrivain,
      ^h bien ! qu'arrive-t-il donc aujourd'hui ? Le célèbre pamphlet était
 fesque désavou é par son auteur lui-même, et le monde avait par-
   onné au sublime orateur de la liberté l'œuvre d'une mauvaise passion
     Un
           jour. Le pamphlet n'aurait plus figure que dans ces éditions
     Œuvres complètes, qui sont plus faites pour la curiosité des collec-
    t e u r s que pour la gloire des auteurs. Et voici qu'un journal, grand
    ^rcheur du succès, et qui a le talent incontestable de deviner où il
   0l
       t être, voici que le journal la Presse, en donnant à ses nombreux
    cte
         urs les Mémoires d'Outre-Tombe, retrace avec une intention mar-
 Wée tout ce qui avait fait le fond de la brochure de Bonaparte et des
    °urbons. Quoi donc! la popularité serait maintenant de rabaisser ~ce
 ,°mde Napoléon qui, depuis trente années, avait grandi comme une
   P°Pée nationale ! Non, non ; le peuple ne brise point ainsi les au-
     oles qu'il a formées, et la gloire qu'il a donnée un jour, il ne la retire
P Us ; aujourd'hui, comme en 1814, il ne juge point pour le pamphlet
   °Mre le héros. Le journal la Presse s'est trompé, s'il l'a cru ; mais
   0lc
        i peut-être quelles sont les causes de son erreur.
     L(i
          Bonapartisme, vis-à-vis des événements qui venaient de se pas-
 ,^rî représentait le sentiment populaire sous un double rapport : 1" il
    a
      't une expression de la pensée révolutionnaire comprimée ; bien en-
  ^ndu que nous parlons ici de 1814 et de 1815, et non pas de l'an VIII
 ; ('e l'an XII ; 2° il était, et c'était là surtout son principal caractère,
  ex
      Pression de ce sentiment d'humiliation nationale, que la France
     a
       't ressentie à la suite des deux invasions et de réaction contre les
   ra
       ngers, qui avaient été une fois ses vainqueurs. C'est ce sentiment
^ e les ennemis de Napoléon avaient tenté en vain de tourner contre
    • lorsqu'ils représentaient la France épuisée par dix années de folles
    >
°( p-rres, livrée enfin, sans force, à ses ennemis. Mais le peuple, lui,