page suivante »
192 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. cessive des capitales de l'Europe, qu'une vengeance légitime contre l'étranger qui, le premier, avait souillé notre sol et prétendu nous dicter ses lois tyranniques. Il venait d'être témoin de cette suprême lutte, où le lion, faisant face de toutes parts à des ennemis décuples» n'avait succombé que sous la trahison. Ah ! dans cette incomparable campagne de 1814, il y avait bien des pardons pour le despotisme de l'empire ! car, elle était toute nationale cette dernière lutte ; le cœur de la France était tout entier avec le héros, à Montmirail et à Champau- bert ; et, ceux qui l'abandonnèrent et le trahirent, ceux qui rendirent ses victoires inutiles, ceux qui se réjouirent de sa chute, ce furent les séides de ce parti de l'étranger qui, depuis 1789, avait établi au de- hors le levier de ses intrigues contre la patrie. Voilà ce qui a fait du Bonapartisme un grand parti national, et du héros un symbole qui a toujours été s'élevant dans l'imagination populaire. Mais, nous nous demandons ce qu'a de commun avec ce grand parti,cette sorte de Bonapartisme que nous avons vu surgir i'6' cemment, avec la prétention de restaurer un empire héréditaire. Sont- ce les idées, sont-ce les hommes? Mais, au contraire, les idées et les hommes sont directement opposés à ce qui composait le Bonapar- tisme de 181-4 et de 1815. Alors, c'était l'idée révolutionnaire ; aujoW" d'hui, c'est l'étouffement de l'action nationale. Principes, idées, sym- pathies, sur les choses du dedans et sur les choses du dehors, tout diffère ; et, quant aux hommes, il nous suffit de remarquer que, parm1 les plus zélés promoteurs du mouvement napoléonien de 1848, ont figuré, sincèrement ou non, mais très-activement, les héritiers directs du parti qui a abattu Napoléon en 1814 et en 1815. 11 n'y a plus, au- jourd'hui, qu'un parti de restauration à trois branches, et le Napoléo" nisme en est une. Entre ces trois branches, on peut reconnaître la différence des prétentions personnelles, mais celle des idées et de? principes est imperceptible. Que la Presse combatte, avec sa mordante logique, les prétentions surannées qui se manifestent sous les vieux drapeaux, c'est un mérite à elle ; mais que, pour cela, elle se croie obligée d'attaquer les an- ciennes adorations populaires, c'est là son tort. Le grand nom de Na- poléon n'est pas responsable des piperies qui se font sous son couvert, pas plus, si nous osons parler ainsi, que le nom de Dieu n'est respon- sable, lorsqu'il est invoqué par les fanatiques et les hypocrites. S» gloire, pour être exploitée, reste entière ; tant pis pour les exploiteui'S- Le nom de Napoléon est toujours un mythe de la gloire nationale ; mais, précisément parce qu'il est un mythe, l'idée populaire l"a élevé