Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
162                          CHRONIQUE MUSICALE.
lenore. Il y perdrait sa voix, sans jamais rencontrer même un demi-succès.
   S'il fallait appuyer sur des exemples cette opinion, les deux représentations d'Othello
n'en fourniraient que de/ trop probants. La cavaliiie . Ali si, per voi, n'a été pour lu
chanteur qu'un long escamotage, pour l'auditeur qu'un long martyre. Tout cependan
autour de lui conspirait à l'ensemble : mieux inspirés, les autres artistes parvenais»
du moins à reproduire quelques-unes des saines traditions, dès qu'ils pouvaient i e
rallier un instant loin du More, leur ennemi. Mais, Ă  Lyon comme Ă  Venise, la vic-
toire n'a cessé de lui demeurer fidèle, et le seul son de sa voix a toujours sulli P01"
 mettre en fuite tout ce qu'il y avait d'Italien sur la scène.
    Après Othello qui littéralement avait été défiguré, l'Administration nous a fait en-
tendre Noima, réteruclle gloire, l'incontestable chef-d'œuvre de Bellini ; et, disons-1''
de suite, l'exécution a été de beaucoup plus heureuse. Je no sais si mon optimisalC
m'abuse, mais ce succès m'a semblé plus imprévu que combiné, plutôt enlevé p ar
l'enthousiasme que préparé par l'étude. A partir du splendide largo qui termine l'oU*
vcrlure, l'introduction, le chœur de druides, l'entrée des prêtresses, la suave aspii"3'
 ration casla diva, tout retient l'âme dans une religieuse et attachante contemplation »
 tout s'est animé, tout s'embrasait à l'orchestre, sur la scène, dans la salle ; ce mou-
 vement électrique a gagné jusqu'aux chœurs, qui, sauf un trait généreusement aban-
 donné par les premiers ténors aux violons, ont payé de leur personne en vrais artiste
    Et nous, nous laissions aller notre pensée à mille souvenirs mélancoliques, mais dé-
 licieux. L'oreille fixée sur cet imposant orchestre, ami qui lui du moins ne change p° s '
 nous revoyons là la Malibran créatrice de cette grande œuvre, morte ployéo sous s"
 gloire, Grisi sa digne émule, presqu'éteinte, elle aussi, après tant de triomphes, l'1"
 blache, magnifique Orovèse, que l'âge eût dû épargner, Rubini, cygne de qui n°"s
 avons refusé les derniers chants ; puis, au-dessus, une ombre vénérée, Bellini, poèt°
 dont la harpe ne résonna que sous des soupirs, mélodieux interprète.des sanglots de
 l'amour trahi, ame mystérieuse que ses chants seuls ont fait connaître, font chérir.
    Kovma attache par celte tristesse d'iuspiration si sympathique Ă  ceux qui ont son''
 fert, et que Bellini a jetée là plus pénétrante encore que dans aucun de ses ouvrage*1
 On peut se plaire aux opéras nouveaux, admirer l'élégante fécondité d'Auber, ê!'11
 saisi par l'ampleur sonore de Verdi, s'extasier sur les savantes combinaisons q"6
 Meyerber déploie; mais à Bellini, à Normo on demeure fidèle ; c'est un culte na1"-
 rel, précieux, qu'on est heureux, qu'on a besoin de rendre..Bercé par ces touchant^
 cantilènes, enveloppé de cette brunie mélodique, on se trouve, pour ainsi dire, s"1
 pris d'avoir éléscusible à d'autres chants; on le regrette presque; et ce tribut p3?1,
 parle cœur est l'hommage le plus digne du chantre harmonieux du cœur.
   L'exécution, disons-nous, a été notablement moins défectueuse que celle d'O/'"-'' '
 M11"-' Arga, sous ce rapport, a la première droit à nos éloges. Sans effacer M me M11'0'