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                   CHRONIQUE                   MUSICALE.




     Jusqu'à l'apparition i'Haydée, qu'elle nous promettait depuis trop longtemps,
 u
       Prophète qu'elle ne promet point encore, la direction pour donner signe de vie,
    songé au commode expédient des traductions. C'est peloter en attendant partie ;
     public comme les acteurs le comprennent sans doute aussi ; car ils apportent cha-
   ,n
        dans leur rôle ce zèle complaisant, cette chaleur modérée qu'un convive de
  °nne compagnie met à déguster les premiers vins, destinés à faire mieux savourer
  "suite les crûs d'élite. Nous ne sentons, quant à nous, nul mauvais vouloir contre
  'uee de ces essais. Plût à Dieu •— bien au contraire — que, avec la reprise d'O-
 uello, de Norma, nous prissions reprendre air souvenir même éloigné des soirées de
 a
     salle Favart. Mais quoiqu'on veuille faire pour oublier, comment repousser les
  Ot
      "paraisous qui vous assaillent à chaque note, qui faisant du dilettante un Tantale
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      nouvelle espèce, lui offrent incessamment, mais toujours voilée, l'image sublime
"es Malibran, des Rubini, Garcia, Pasta !...
     Chassons ces réminiscences importunes. C'est à Lyon que nous sommes, et c'est
 "• Dupral qui joue Othello, qui joue Pollion. Moins que tout autre, cependant, cet
   M'ste devrait être comptable de nos regrets ; car on chercherait en vain où et
  "Oiment il les aurait justifiés, et si, en écoutant ses camarades on se prend quel-
""«ois à penser au théâtre italien, celui-là chante si loyalement à la Française qu'il
    y a vraiment pas lieu de l'en accuser. Ténor assez convenable et souvent applaudi
    ec
        justice dans les quatre à cinq opéras qui forment le fond du répertoire national,
    • Duprat a dû être étonné de voir les bravos manquer cette fois aux mêmes effets
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      aux qui lui réussissent habituellement. Et pourtant, il insistait bien sur les mots
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" 'Uuation, il entrecoupait toujours la phrase par l'anhélation dramatique d'usage,
    Préparait par un jeu de poitrine ostensible ses grandes notes, il réservait, comme
    convient, toutes ses économies laryngiennes pour lâcher un étourdissant final. Et
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     public reste froid ! Et son enthousiasme se porte vers d'autres !
     ^'aisemblablement, M. Duprat réfléchira au motif de ces vicissitudes. Mais, sin-
geaient, nous le croyons mieux fait pour en découvrir la cause que pour la corri-
*er- A une pareille organisation la critique ne doit qu'un conseil : qu'il ne cherche
• 8 s ^ franchir l'abîme qui sépare le fort ténor, mê me goûté et applaudi, d'il primo