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136                   UES TENDANCES SOCIALISTES

 dus par ces choses, et du travail employé pour les produire, un prix
 déterminé en un mot par la rareté légale, résultat de vos tarifs. Et
 tout cela parce que l'jïtat ne peut pas exercer son droit illimité de
 prélever et de dépenser l'impôt sans influer sur la richesse publique.
 C'est-à-dire que vous concluez de l'existence d'un mal, à la nécessité
 de le propager au lieu de le restreindre, et que vous ne voyez d'autre
 moyen de remédier à un abus, que d'en multiplier les inconvénients.
 Mais songez donc, Monsieur, que cette influence irrégulière, inégale
de l'impôt sur la richesse particulière, et sur les forces productives,
a toujours été considérée comme un mal qu'il fallait s'appliquer à é-
viter. Et que nous devons à ce sentiment de justice tous les efforts
heureux ou malheureux de notre législation fiscale, pour atteindre
tous les citoyens sans exception, et toujours dans la proportion, é-
gale pour tous, de leurs fortunes. Comment n'avez-vous pas conçu de
doute sur la légitimité d'un principe qui vous menait à de telles con*
séquences ?
   Mais, me dites-vous, puisque vous ne voulez pas que le gouver-
nement prenne aux uns pour venir au secours des autres .- « Vous
 « allez démolir les hospices, les salles d'asiles, les écoles gratuites
 « pour le pauvre. Vous allez constituer la société la plus inhumaine
 « qui ait jamais existé. »
   Ainsi, voilà les fabriques de draps assimilées aux hospices, les fi-
latures de coton, aux salles d'asiles, les industries qui nous font
payer la nourriture, les outils, le .vêtement plus cher, c'est-à-dire qui
nous privent d'une quantité donnée de ces objets, transformées en
institutions de bienfaisance, et les monopoleurs changés en fonction-
naires publics ! Ces choses et ces hommes sont devenus sacrés, non
parce qu'il y a de l'analogie dans l'utilité des unes et dans les ser-
vices des autres, mais parce qu'ils vivent aux dépens de l'impôt, et
que l'Etat a le droit de dépenser l'impôt comme il l'entend ! Je sais
bien que les Saint-Simonniens disaient : chaque profession doit être
une fonction : mais ils se plaçaient dans un milieu idéal qui ne s'est
point réalisé, et d'ailleurs, chaque fonction n'était, pour eux, que le
pouvoir spécial donné à chaque homme de dévouer ses facultés na-
turelles au bien de la société. Or, je vous le demande, un homme
exerce-t-il une industrie, une profession dans l'intérêt social ou dans
son intérêt personnel ? Par dévouement ou par calcul ?
   Ce n'est pas parce que le gouvernement a, selon vous, le droit de
percevoir et de dépenser l'impôt, et parce qu'il abuse de ce droit, que
ce genre d'exploitation appelé monopole, sera estimé à l'égal d'un