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1)1) GOUVERNEMENT. 135 fiscales, —l'abbé Terray ; il répliquait à un homme qui lui reprochait 'te prendre l'argent dans la poche des gens : et par Dieu, où voulez- vous que je le prenne ? Malgré ce souvenir, et quoique je puisse élever bien des objections contre le principe qui autoriserait le gouverne- m ent à prélever un impôt, en tolérant que les uns fassent payer leur Part par les autres, je vous concéderais volontiers, pour abréger, qu'il a le droit de prélever les impôls comme il l'entend, et sur qui il lui P'alt. Mais je ne saurais être d'aussi bonne composition, quand il sa ' git de répartir le produit de cet impôt. Il y a ici des principes ab- s °lus au joug desquels on ne saurait se soustraire. Car, au-dessus •les combinaisons financières , et des capriees des distributeurs •les deniers publics, il y a la justice; la justice, qui est à la fois le Principe et le but, en un mot, la raison d'être des gouvernements. Cette justice, cette équité souveraine, veut que l'impôt prélevé soit dépensé dans un intérêt général, et non dans l'intérêt particulier •l'une minorité, d'une classe d'industriels ou de propriétaires. Pensez- v °us que j'admette jamais une loi de maximum., soit qu'on la pro- clame , au milieu de circonstances révolutionnaires, et pour empêcher l'élévation du prix des produits, dans un intérêt populaire, soit qu'on la proclame à une époque normale et tranquille, pour empêcher ' e bon marché de ces mêmes produits, dans un intérêt aristocratique ? Et qu'est-ce que la protection, sous toutes ses formes, si ce n'est un Maximum au profit de ceux qui en jouissent ? •le reviens à votre thèse, et j'admire tout le parti que vous savez e & tirer. Vous dites : • Comment feiïez-vous, pour que le droit in- < " contestable de l'État, de répartir, de percevoir et de dépenser l'im- " pôt n'influât pas sur la richesse publique ? Pour qu'il n'en résul- " tà t pas, au profit ou au détriment de quelques éléments, un ac- " croissement ou une diminution de forces productives ? » Ainsi, de ce fait que le gouvernement ne peut pas lever et dépenser l'impôt sans influer sur la richesse publique, sans accroître pour les uns ou diminuer pour les autres les forces productives, vous con- cluez qu'il a le droit et le devoir d'investir telle industrie d'un mono- pole ; de nous faire payer un impôt aux fabricants de draps, tandis- ^ e nous n'en payons pas aux fabricants de soieries ; d'enrichir les maîtres de forges et d'appauvrir les propriétaires de vignobles ; •l'accorder des primes à l'exportation à telles industries, la prohibition ue s produits étrangers à tels autres, de protéger celles-ci par des sur- taxes de 80, celles-là de 50, de 30, de 20, de o pour cent ; de créer ainsi un prix artificiel des choses, indépendant des services ren-