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 \M                   DES TENDANCES SOCIALISTES

     J'avais ajouté qu'une des causes qui avaient déterminé celte direc-
tion dangereuse des écoles socialistes, était l'exagération des attribu-
 tions accordées à l'Etat/ l'excès du gouvernemcntalisme , accepté avec
 trop d'imprévoyance par l'opinion publique. Pour démontrer la jus-
 tesse de ces assertions, je citais quelques faits de notre législation
 économique, qui n'étaient pas autre chose que l'application faite par
 le gouvernement lui-même, mais sous un nom dilî'érent, et au profit
 de certaines industries ou de certaines propriétés, des idées socialistes
 qui avaient inspiré le plus d'effroi, soulevé le plus de colères. Tels é-
 taient le droit au travail, repoussé quand les socialistes le demandent,
 accordé, sous le nom de protection, quand certaines industries le
réclament ; la fixation des salaires ou des profits, refusé quand les
socialistes le demandent, accordé, quand certaines propriétés agri-
 coles le réclament; la gratuité du crédit, à la fois si ridiculisée et
si odieuse, refusée, quand les socialistes la demandent, accordée, sous
prétexte d'égaliser les conditions de la production, quand les indus-
tries protégées la réclament.
    Je voyais pour l'autorité un danger à donner lieu au reproche de
partialité qui doit naître de ces contradictions,et je terminais par quel-
ques considérations générales sur la nécessité de restreindre la com-
pétence du gouvernement en matière économique, de le ramener à un
rôle plus modeste en apparence, mais plus fécond en résultats utiles
et plus conforme aux principes sur lesquels repose sa haute magis-
trature.


   Dans votre réponse, vous ne niez point ce que j'avance, loin de là,
 vous scmblez l'approuver. Vous critiquez ma critique, et vous justi-
fiez ce que j'avais considéré comme un abus. Là où j'avais vu un
excès d'attributions gouvernementales, vous ne voyez que l'action
journalière et naturelle de l'État ; là où une iniquité m'était apparue,
vous ne voyez que l'accomplissement d'un devoir de l'administration,
et là où j'indiquais un danger, vous semblez entrevoir un progrès.
Examinons comment vous établissez cette justification.
   Vous posez, comme thèse, au-dessus de toute contestation, qu'il
n'y a pas de limite au droit de l'Etat, de lever l'impôt et d'en ré-
partir le produit : « 11 a, de droit naturel, la main dans la poche de
 «• tout le monde. —C'est une question déplus ou de moins... non de
 « principe. » Ces paroles me rappellent un peu, je l'avoue, celles
d'un financier, célèbre par ses mesures — ou plutôt ses rapines