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128                   COUP-D'OEIL SUR L'ALGÉRIE.

   Traversez ce long faubourg do Bab-f.zorn, là, entre Alger et Je cap
Matifou, se creuse avec vin d'ilicieu- contour la baie de Mustapha, belle,
radieuse comme le goîfc de Naples ou les rives du Bosphore. De la
plage où dort la vague bfeue de la mer, montent, par des ondulations
gracieuses, des prairies veloutées et des plaines de fleurs ; les eaux
vives qui descendent de la montagne donnent à la végétation une fraî-
cheur et une vie admirables ; des bouquets d'orangers, de grenadiers,
de lauriers roses, le figuier aux larges feuilles, le nopal, les lentisques,
les myrthes, le jujubier, le cactus, l'olivier y mêlent leurs teintes et
leurs formes si diverses; çà et là s'élèvent des villas moresques d'une
blancheur éblouissante sur ce fond de verdure, nids de colombes posés
avec une grâce infinie, dans les enfoncements du sol, sur le flanc des
collines et jusqu'au sommet de la montagne-, architecture capricieuse,
mais toujours élégante, cours plantées d'arbres, galeries de colonnes
blanches et de treillages verts, marabouts aux toits arrondis en dômes,
terrasses superposées, murs crénelés et tapissés de plantes légères et
fleuries.
   Le regard ne se lasse pas d'errer à travers ses ombres, et, suivant
les pentes moelleuses, de descendre et. de se perdre sur la plaine im-
mense des mers, la mer si limpide et si bleue où passe, comme des
ailes d'oiseaux, la voile blanche des barques de pécheurs; la mer s'é-
levant à l'horizon comme une montagne d'azur, la mer dont les vagues
argentées,où le rayon du soleil d'Afrique sème de l'or et des diamants,
viennent rouler sur la mousse du bord ; à gauche, la blanche Alger et
son port plein de vaisseaux de toutes nations ; à droite, l'Atlas, qui
montre ses premières cimes... quelquefois en pleine mer,un vaisseau
qui porte d'un monde à un autre ses productions, son or, ses idées,
ses habitants... Que de larmes, que de joies, que de richesses,
que de découvertes, que de destinées individuelles et natilonales
dans celte coque fragile qu'un coup de vent ou un caprice de la iner
peut détruire sans retour ! Que de pensées naissent à l'âme, à la vue
seule d'un navire bercé sur la vague lointaine !...
   11 y a,dans cette baie de Mustapha,des routes larges et des sentiers
délicieux tout couverts par les longs rameaux d'oliviers centenaires,
d'ormes, de frênes, d'aulnes, de chênes verts,dont le développement, in-
connu dans nos climats tempérés, annonce une sève puissante, fécon-
dée par un soleil de feu. Des buissons de cactus et d'aloés, aux feuil-
les épineuses, autour desquels grimpent et retombent en guirlandes
les clématites, les vignes vierges, les lierres, les lianes, les ferment
d'une baie impénétrable. Là, souvent on rencontre, balancé comme