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IMPUTÉES AU GOUVERNEMENT. 115
fatiguons pas de querelles de mots un gouvernement déjà surchargé
de sa lourde tache. Si c'est du socialisme que de vivifier, par une atten-
tive et ferme administration des intérêts généraux, toutes les branches
de l'industrie nationale, permettons au gouvernement de faire du so-
cialisme.
Surveillons-le, afin qu'à l'intérêt général, si nettement représenté
Par le suffrage universel, il ne substitue pas, un jour ou l'autre, un in-
térêt de dynastie ou de classe qui fausserait la loi fiscale comme toutes
les autres ; — gardons inviolables ces libertés du vote, de la tribune,
de la presse, de l'association, qui suffisent pour prévenir ou réformer
Promptement les iniquités fiscales, comme toutes les autres; —ne
permettons pas, non plus, aux intrigues des partis de pervertir le suf-
frage universel;—prenons garde, surtout, qu'on n'ameute pas, par
des banalités calomnieuses, les campagnes contre les villes ; l'agricul-
ture contre l'industrie ; le paysan contre tout gouvernement ; le con-
tribuable contre le fisc; la barbarie contre la civilisation.
Là sont les principaux périls de la République. En dehors de ceux-
là , je ne vois guère que le danger qui résulterait d'une confiance im-
prudente au laissez faire fataliste de l'économie politique. Le laissez
faire amènerait une prompte et violente guerre entre des classes que
les régimes précédents ont fait ennemies, et dont l'une vient seulement
de saisir l'arme du suffrage universel. Si le gouvernement a des moyens
de rapprochement, de réconciliation, de transaction, de fusion, ne les
lui enlevez pas. Smith n'a pas prévu les cruelles extrémités en pré-
sence desquelles nous nous trouvons ; et, comme il était homme hon-
n
ete et judicieux, s'il eût entendu le canon de Juin 1848, j'espère qu'il
aurait fait une rature à sa théorie.
ANSELME PETETIN.