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 114                   UES TENDANCES SOCIALISTES

 que je dirais "encore qu'il est sage de protéger celles de nos industries
 qui ne sont pas arrivées à leur virilité. L'enfant est libre de vivre aussi :
 cependant, vous en prenez soin et vous savez qu'il ne vivrait pas
 sans cela.
   Mais le marché n'est pas libre, tout le monde reste armé contre nous,
et vous voudriez vous offrir désarmé aux coups de tout le monde !
Vous voudriez vous obliger à recevoir les produits de toutes les na-
tions , sans pouvoir en obliger aucune à admettre les vôtres ! Vous ne
garderiez pas même les moyens de négocier une liberté réciproque !
   En vérité, cela dépasse mon intelligence. Je vois que toutes les na-
tions, protégeant leurs industries, refusant nos produits et nous en-
voyant les leurs, vous nous destinez au doux métier de vivre de nos
rentes. Mais où est le capital sur lequel se fondera cette commode
existence ?
   Une nation, un jour, crut le posséder ce capital de la paresse. Elle
crut qu'elle pouvait, au moyen de l'or du Mexique, acheter sans
vendre ; consommer sans produire. — Voyez ce que l'Espagne est
devenue !


   A la vérité, vous insinuez, Monsieur, que la protection n'est utile
qu'au détenteur du capital, au propriétaire de la rente, et nullement au
travailleur.
   Mais vous vous dispensez de prouver ce singulier théorème. Je vous
demande, en effet, si l'ouvrier de nos usines ne perdra pas aussi quel-
que chose, lorsque, nos forges étant tombées par la concurrence du fer
anglais, il aura été congédié ?
   Ne mêlons pas deux questions fort distinctes et toutes deux fort dif-
ficiles. C'est bien assez d'avoir à les résoudre séparément. — Le capital
prélève une part sur les produits ; le travail en prélève une autre. —
Est-elle trop forte pour l'un, trop faible pour l'autre ? c'est une ques-
tion. — Mais, de quelque façon que vous la tranchiez, je vous défie
même de la poser, s'il n'y a pas un produit à partager. — Et c'est ce
qui arriverait par l'application de la doctrine du Libre-Echange.
   Laissons là, Monsieur, toutes ces exagérations systématiques. Ne