page suivante »
IMPUTÉES AU GOUVERNEMENT. 113 son fils sourd ; — un peintre de son fils aveugle. Et une nation com- mettrait une folie de môme ordre, si elle s'obstinait à cultiver une in- dustrie à laquelle ne se prêteraient ni son climat, ni son sol, ni ses facultés naturelles. Laquelle de nos industries protégées est dans ce cas? Et je dis laquelle de celles contre qui les libres échangistes ont le plus crié ? Ils ont crié contre la prohibition des machines étrangères : et, grâce à cette prohibition, les constructeurs français sont arrivés au premier rang, et pour la perfection, et pour le bon marché. Ils ont crié contre la protection accordée aux fers et, depuis dix ans, seulement, nos établissements métallurgiques ont fait d'immenses Progrès ; ils sont près de tenir tète à la Belgique et ne tarderont pas à braver l'Angleterre. Ils ont crié contre les faveurs faites aux cotonnades : et, de saison en saison, Rouen, Lille et Roubaix réalisent des progrès nouveaux, s'approchent des prix anglais et dépassent l'élégance anglaise. Tout cela serait-il arrivé, si on s'en fût fié à la Providence pour Protéger nos industries nationales ? Mais, Monsieur, je suppose bien gratuitement que nous aurons affaire à la Providence en personne et directement, c'est-à -dire à la nature des choses agissant librement, à la concurrence industrielle lut- tant sans barrières, de nation à nation ! Quoi ! L'Allemagne concentre tous ses efforts politiques pour réa- liser une coalition douanière qui arrête nos produits à sa frontière ; et elle va en faire autant, par l'Autriche, en Italie ! — Quoi, il n'est Pas un État de l'Amérique qui ne modifie ses tarifs de semestre en semestre, ou pour limiter nos importations, ou pour îiccroltre ses revenus ! — Quoi ! l'Angleterre elle-même, la patrie du libre échange, se refuse à admettre celle de nos productions qui nous embarrasse le plus et celle dont elle semble avoir le plus grand besoin, nos vins, — et vous proposeriez de nous livrer sans défense à ces ennemis embusqués au-delà de toutes nos frontières. Certes ! le marché universel serait entièrement libre pour tous,