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92                    COUP-D'O£IL RÉTROSPECTIF.

 c'est l'interpréter dans un sens bien contraire à la justice et à îa
 raison, que de prétendre assimiler les faits qui se sont produits au
 moment' et à la suite d'une révolution, dont le résultat a été un chan-
 gement radical de gouvernement, avec des actes de mutinerie, de ré-
 bellion, d'émeute, si vous voulez, pour lesquels seuls cette loi peut
 et doit recevoir son application. Que pouvait la commune de Lyon
 pour réprimer les excès des furieux extravagants qui brûlaient les mé-
 tiers et dévastaient l'asile de la bienfaisance, quand tous les liens so-
 ciaux étaient rompus, quand la désorganisation était complète dans
toutes les branches d'administration, quand il n'y avait plus de mu-
nicipalité, et dès-lors aucune autorité pouvant disposer d'une force
publique quelconque ? Évidemment, ce qui est arrivé est un malheur
public, dont la réparation, s'il en est dû une, doit être à la charge de
tous, c'est-à-dire de l'État, et ne peut, dans aucun cas, être supporté
par les communes.
    Nous touchons à la question la plus difficile, la plus complexe,
 la plus insoluble qui se puisse rencontrer. Toutes les administra-
tions municipales qui se sont succédé dans notre ville, ont eu maille
à partir avec elle et n'ont jamais pu en avoir raison d'une ma-
nière définitive. Nous voulons parler de la question théâtrale. Les li-
mites qui nous sont tracées clans cette revue ne nous permettent pas
d'entrer dans de longs développements ; nous nous bornerons à quel-
ques considérations générales.
    Dès avant la Révolution de février, toutes les entreprises théâtrales,
 surtout en province, étaient livrées à un état de marasme, de con-
somption qui indiquait, et la décadence de l'art, et un mal profond
auquel il était urgent d'apporter un prompt et énergique remède. Les
théâtres de Paris se soutenaient encore, les uns à grands renforts
de subventions payées par l'État, c'est-à-dire par les contribuables de
toute la France, les autres à l'aide de pièces dont le machiniste et le
décorateur faisaient tous les frais. L'art, la littérature élevée, tout ce
qui orne l'esprit et le cœur était indignement sacrifié au plaisir des
yeux, aux sensations physiques et matérielles.
    Depuis février, les agitations incessantes de la rue, le chômage de
l'industrie, le discrédit et les effrayantes pertubations qui ont pesé sur
le commerce et les fortunes particulières, ont aggravé encore la situa-
tion déjà si déplorable des théâtres, à ce point que presque partout,
leur fermeture est devenue une nécessité; dans les premiers jours de
la Révolution, un secours extraordinaire de 7 à 800,000 f. fut voté par
l'Assemblée constituante et distribué aux théâtres de Paris. Quant aux