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                          cour—D'OEIL RÉTROSPECTIF.                                 93
 théâtres de la province, on ne tint aucun compte de leur détresse, et
a peine une voix, timide s'éleva-t-elle parmi nos représentants contre
 un si affligeant oubli. Nous le demandons, est-ce là de la justice, de l'im-
 partialité, est-ce là, surtout, l'application des principes d'égalité et de
fraternité qui régissent notre constitution politique (1)? Si les théâtres
de Paris sont un besoin, une nécessité; si à leur prospérité, à leur splen-
 deur, sont attachés et la richesse de la capitale par l'attrait du plaisir
offert aux étrangers, et l'existence de nombreuses familles d'artistes et
 d'employés, croit-on qu'il n'en est pas de même pour la province, pour
 'es grands centres qui, eux aussi, ont à se préoccuper du sort de tous
ceux qui, de près ou de loin, vivent du théâtre; pourquoi donc cette
exclusion et cette indifférence pour des droits identiques; pourquoi la
Province est-elle si complètement déshéritée, nous ne dirons pas des
 faveurs, mais de la sollicitude de nos gouvernants ? N'est-ce pas elle,
cependant, qui fournit le plus à cet énorme budget, qui chaque année va
s'augmentant ? que Paris soit brillant, splendide même, rien de mieux,
c'est notre désir, mais que tout ne lui soit pas sacrifié, et que la pro-
vince ait au moins part au festin, ne fût-ce qu'en profitant des miettes
tombées d'une table qu'elle approvisionne généreusement.
    A Lyon, tout a été mis en œuvre pour lutter contre la difficulté de
'a situation, avances d'argent au directeur qui succombait à la tâche,
appui et protection à l'association des artistes pour l'exploitation en
commun des deux théâtres ; l'administration n'a rien négligé pour évi-
ter une suspension si préjudiciable à tant d'intérêts, et, avant la fin
de Tannée théâtrale, le Conseil municipal a été appelé à donner son
avis sur le nouveau traité conclu avec le directeur actuel. Nous ne re-
produirons pas les points saillants de la discussion, non plus que les
stipulations principales de ce traité qui, en définitive, a été sanctionné
par le Conseil ; on ne pouvait, tel est du moins notre avis, faire mieux
dans l'état actuel des choses, et surtout en partant de cette idée qu'à
tout prix il importait d'empêcher la fermeture de nos théâtres. Aura-

    ( 0 Un des principaux organes de la presse parisienne contient, dans sou numéro du
a
 *> juillet i84y, un excellent article sur la fermeture de l'Opéra. Nous y remar-
quons, à propos de la subvention payée par l'Élataux théâtres nationaux, la phrase
suivante :
    « Mal employer les fonds de l'État est une faute administrative, mais grever les
u
   départements d'une charge qu'ils ne doivent pas supporter est une souveraine
" injustice.
    « Il est parfaitement certain, avéré, que les théâtres de Paris ne profilent qu'à
p
  aris, etc. »