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M DES TENDANCES SOCIALISTES aura refusé, alors seulement que la pauvreté de ses récoltes aura élevé le prix des céréales dans de certaines proportions ? car elle ne doit avoir à souffrir qu'une famine modérée. L'État est allé plus loin ; un droit mobile, mais égal pour toute la France, était chose trop simple et trop facile à comprendre ; il fallait un système plus savant et plus compliqué. Il a donc divisé le sol de la France en plusieurs régions, et établi pour chacune d'elles un pré- tendu prix normal du blé, un prix rémunérateur des frais de culture : si bien qu'à Lyon, il doit valoir plus de 28 fr. l'hectolitre pour que Marseille, — nous disons Marseille et non pas le Havre ou Saint- Malo, — ait la faculté d'en importer en payant seulement un droit de 25 c. par hectolitre, tandis que, si le même hectolitre de blé français atteint à Nantes le cours de 22 fr. seulement, il est permis d'en intro- duire dans le port avec 25 c. de droit ; et le tarif à l'importation n'est pas fixé pour une année, il est déterminé tous les mois, au moyen des mercuriales, d'après les prix moyens, dans quatre régions et sept sections. Nous le demandons de bonne foi, quand un État ne recule pas devant de tels détails et de telles difficultés, les ouvriers ne sont-ils pas autorisés à croire qu'il met, à leur rendre justice, de la mauvaise volonté ? quand il surmonte de tels obstacles, dans l'intérêt d'une classe de producteurs, comment voulez-vous que les ouvriers croient à son impuissance ? et quand on songe que cette intervention du gouverne- ment dans le libre domaine du commerce, n'a pas d'autre but que de donner un prix artificiel aux céréales du midi, pour augmenter le revenu des propriétaires de terres à blé de cette région, les ouvriers ne sont-ils pas en droit de s'étonner et de dire : où est la différence de la valeur blé et de la valeur travail? Si vous faites tant d'efforts pour maintenir l'une, pourquoi montrez-vous tant de propension à , négliger l'autre ? Le salaire des travailleurs ne mérite-t-il pas autant d'égard que la rente du propriétaire? vous avez fait une loi pour que le prix du blé, c'est-à -dire la rente du propriétaire, fût de tant au nord et de tant au midi, et vous ne voulez pas en faire une pour fixer le prix du tra- vail : où est votre impartialité ? C'estencore cette même fureur déréglementation, cette même tendance à remplacer par la loi le cours naturel des choses, à créer de l'artificiel, qui ont inspiré au gouvernement la singulière idée de diviser en plu- sieurs zones le littoral de la France, et de fixer pour chacune d'elles des droits différents sur les charbons importés. Ainsi, le charbon paye des taxes diverses selon qu'il vient de la Belgique, de la Prusse ou