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DE L'ORDRE. On dit communément qu'il n'y a plus que deux partis, celui de l'Ordre et celui du Désordre, qu'il faut absolument choisir, et que, qui n'est pas, sans réserve, dans la première catégorie, appartient nécessaire- ment à la seconde. C'est surtout,en matière d'élection, que la classifi- cation est rigoureuse. Candidats de l'Ordre, candidats du Désordre, il n'y a que cela. Essayez donc d'imaginer un milieu entre la vertu et le crime ! Si nous remontons à une époque antérieure de notre histoire révolu- tionnaire, nous rencontrons quelque chose d'analogue. Alors, la quali- fication distinctive était celle-ci : Le parti des Honnêtes gens. On en était nonobstant quelques excès de zèle, comme d'avoir assommé dans les rues un Mathevon, ou d'avoir forcé les portes des prisons pour y égorger des Jacobins. Mais, pardon d'évoquer ces néfastes souvenirs ! Nos passions politiques ont bien quelque ressemblance avec celles de nos pères, mais c'est comme l'image transmise par certain bout de la lunette ressemble à la réalité. Nous sommes tout en diminutif, révolu- tionnaires et réactionnaires. Nous avons eu l'ombre de Mirabeau, l'ombre de Danton, l'ombre de Napoléon. Mon Dieu ! qui ne prétend pas être pour l'ordre et du côté des hon- nêtes genslW n'y a aucun parti, que nous sachions, qui veuille se ral- lier au désordre et au crime. S'il y en avait, ce ne seraient pas des partis politiques, mais des bandes de voleurs. Les hommes se divisent pour certaines idées plus ou moins justes, mais le plus souvent assez spécieuses pour qu'elles enfantent des croyances sincères. L'erreur peut former le lien d'un parti, mais jamais le mensonge. Malheureuse- ment ensuite, on devient exclusif et passionné ; les préventions en- fantent les haines, les haines les excès. Le désordre est un accident de» luttes politiques ; il n'en est jamais le but. Puisque le maintien ou le rétablissement de l'ordre est la prétention commune de tous les partis, il n'y en a donc aucun qui ait le droit de se