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             CHRONIQUE POLITIQUE.




    H y a, en ce moment, en France, un sentiment d'inquiétude très-ap-
parent. La tribune, les journaux, les conversations le reproduisent
sous toutes les formes. On s'attend à une tentative contre la Consti-
tution. On s'accorde généralement sur ce fait, qu'elle viendrait de plus
haut que le ministère; mais on diffère sur tout le reste : d'après les
uns, elle serait entourée de précautions légales; selon d'autres, on em-
ploierait la violence ; selon ceux-ci, on se contenterait de l'intrigue.
 Quelle sera l'époque de cette révolution ? les avis varient. Tantôt il s'a-
 git d'un terme très-rapproché, le 15 août, par exemple, fête de famille
 Pour les collatéraux de Napoléon, tantôt d'une occasion indéterminée,
 mais qui n e p e u t manquer de se présenter avant l'expiration légale des
 pouvoirs présidentiels. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que les fonc-
 tionnaires publics eux-mêmes semblent partager ces appréhensions,
 et
     ne pas prendre au sérieux l'ordre politique actuel. Ils se taisent,
 quand ils devraient montrer de la confiance, pour en inspirer à leurs
 administrés. Il reste toujours, dans leurs discours, une lacune, au mo-
 ment où on s'attend à rencontrer une adhésion chaleureuse à la Répu-
 g n e . Jamais ils n'ont été si sobres de protestations de dévouement à
 la Constitution ; on dirait qu'ils ont peur d'être dupes, en faisant leur
  devoir. Ce silence est non-seulement triste, il est presque menaçant.
     Que devons-nous croire de toutes ces rumeurs? que devons-nous
 augurer de tous ces présages? que c'en est fait de la République ? Pas
 encore. Mais nous pouvons, sans niaiserie, admettre qu'il y a des ran-
 cunes, des mauvaises intentions à l'égard de notre Constitution, et
  qu'elles sont prêtes à se mettre au service du premier ambitieux qui
 osera. Heureusement que la France peut a,voir foi dans le ministère. Ce
  n'est pas lui qui se prêterait à une entreprise contre la Constitution.
  Des ministres, ayant volontairement accepté d'en être les premiers
  défenseurs, ne sauraient participer à une modification illégale, sans
  déshonneur. Or, on peut critiquer leurs actes politiques, mais on ne
  Peut mettre en doute leur loyauté. Quant au Président, nous le disons
  a
     regret, il n'inspire pas la même sécurité que son ministère. C'est à
  son profit que devrait tourner cette tentative, et nous avouons qu'il est