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                     COUP-D'OEIL RÉTROSPECTIF.                        49
    Ainsi, par l'effet de ses démarches actives, et de la solution amiable
consentie par l'État, la ville de Lyon a pu récupérer, outre l'impôt des
55 centimes, la totalité des dépenses des chantiers nationaux, et,
quant aux frais de subsistances, comme, même dans un état normal,
une partie de ces frais eût été à sa charge, elle n'aura à répéter au
trésor que le surplus, soit tout ce qui sera reconnu dépenses ex-
traordinaires, occasionnées par les circonstances politiques.
    En consultant la situation financière de la ville, il nous paraît cer-
tain que, sans le produit de l'impôt des 55 centimes, il eût été diffi-
cile , pour ne pas dire impossible, de faire face aux besoins même
les plus ordinaires. Aussi, pensons-nous que la mesure, quelqu'inso-
lite, quelque rigoureuse qu'elle ait paru aux contribuables, trouvera
 une excuse fort légitime dans l'utile emploi auquel elle aura servi,
 et que dès-lors personne ne regrettera un surcroit de charge qui a
 peut-être contribué , plus qu'on ne pense, au maintien de l'ordre
 et de la tranquillité dans notre ville.
     Dans les temps de révolution, les idées nouvelles cherchent à se
   aire jour. Chacun voulant contribuer au bien-être général, s'ingénie
 a taire prévaloir son système qui, dans la pensée de son auteur, doit
  détruire les abus et introduire d'utiles améliorations. Mais les meil-
 leures intentions peuvent s'égarer, et souvent la pratique ne répond
 pas aux brillantes espérances que faisaient concevoir l'idée à l'état
 purement théorique. Jusqu'au 24 février 1848, l'assistance publique
 vqui aujourd'hui est inscrite sous forme de dogme fondamental dans
 notre Constitution politique ), s'exerçait au moyen du service des
 Bureaux de bienfaisance, à titre de secours à domicile, d'après la
 loi du 7 frimaire an V, régularisé par une ordonnance de juin 1845.
 Sous le coup de la Révolution de février, toutes les industries furent
 suspendues, et cette suspension, aussi rapide qu'imprévue, laissa sans
 ressources et sans moyens d'existence, une grande partie de notre po-
 pulation ouvrière. L'administration nouvelle, ou ne songea pas aux
 bureaux de bienfaisance, ou pensa que leur organisation et les moyens
 dont ils disposaient ne répondaient pas aux besoins nouveaux et
 nombreux auxquels il était urgent et humain de satisfaire instanta-
  nément. Elle créa dès-lors un Comité de subsistances, à l'aide et
  par les soins duquel d'immenses distributions de secours furent faites
  à tous les malheureux, et dans toutes les parties de la ville. La dé-
  pense, pour la première semaine, fut de 3,000 fr., et ce chiffre s'é-
  leva bientôt à 27,000 fr. pour chacune des semaines suivantes, parce
  lue les secours se répandirent sur tous les ouvriers sans travail qui,