Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                  CHRONIQUE POLITIQUE.


       ÉLECTIONS A LYON. — AFFAIRES DE ROME.




   Chaque élection donne lieu maintenant à un travail singulier et qui parait fort
goûté par les divers organes de la presse. Chaque scrutin est analysé, décomposé.
Ony tient compte même des opinions de ceux qui se sont abstenus de voter. L'urne élec-
torale— style parlementaire — est devenue le creuset où les alchimistes politiques,
pleins d'ardeur et d'anxiété, cherchent moins l'intérêt de la France que, la fortune
des partis qui l'agitent. Pour celui-ci, c'est le gage du succès de demain, pour tel
autre, la justification des actes de la veille, pour beaucoup, une vengeance contre
le passé. Tout le monde y trouve ordinairement la victoire, malheureusement per-
sonne n'y voit un enseignement.
   Quant à nous, nous ne sommes pas d'assez ingénieux arithméticiens pour prendre
notre part de ces recherches subtiles. Nous aimons mieux examiner si, dans les der-
nières élections de notre département, il n'y a pas, pour tous les esprits impartiaux,
une amélioration réelle sur les élections précédentes ; s'il n'y a pas lieu de constater
un progrès dont tous les partis, vainqueurs ou vaincus, puissent se réjouir. On juge de
la valeur d'une opinion par les hommes choisis pour la représenter : félicitons donc
les électeurs de M. Jules Favre d'avoir compris qu'il ne s'agissait pas seulement
d'envoyer à la Chambre des hommes qui votent, mais des hommes qui discutent.
C'est un véritable progrès; tout le monde doit le reconnaître. Quand on a recours
aux hommes de paroles, c'est un signe que l'on renonce aux hommes de combat. Certes
il y a là quelque chose qui ressemble fort peu aux choix du i3 mai. Eu effet, sauf
quelques représentants qui peuvent rendre, par leur intelligence et leur expérience
des services positifs à leur pays, cette liste de nos onze députés se composait de trop
de médiocrités incontestables pour qu'un parti pût en tirer quelque avantage au point
de vue de ses intérêts politiques ou quelque satisfaction à l'endroit de son amour-
propre. Ce n'étaient pas même les dieux mineurs ( dii minores) mais les dieux in-
 connus. Deux victoires électorales, aussi complètes que celle-là, auraient suffi à tuer
le parti le plus vivace et le mieux constitué. Un autre avantage de cette élection,
c'est que M. Jules Favre, placé avec la minorité de l'assemblée , sur un terrain plus
 étroit, obligé de défendre la Constitution contre des impatiences et des rancunes peu
Justifiables, contraint de rester toujours dans le cercle de la légalité, trouvera heureu-
 sement pour lui, moins souvent que dans l'assemblée constituante, des occasions de lais-
 ser son talent et sa colère s'égarer sur les hommes et les choses. Après avoir causé bien
 des élonnements par sa conduite politique, il peut dans les circonstances actuelles servir