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                              LE CHOLÉRA.                               21
vagés, ne l'est pas, il en résulte que la raison de cette innocuité doit
se trouver dans la différence de composition du sol. Nous sommes
obligé d'être sobre de développements, faisons simplement remarquer
que Lyon serait, d'après cette théorie, singulièrement prédisposé à être
ravagé par le choléra ; or, notre cité a été épargnée en 1832. La Guyenne
et la Gascogne qui, au point de vue géologique, se trouvent placées
dans les mêmes conditions,l'ont été également. 11 ne faudrait pas cepen-
dant trop se hâter de conclure ; car, si à cette manière de voir on peut
opposer des faits négatifs, il faut avouer qu'elle repose aussi sur un
grand nombre de faits positifs. Ainsi, sans sortir de la France, nous
voyons le choléra exercer ses ravages spécialement dans le bassin
 tertiaire de Paris, dans le bassin tertiaire de la Gironde et vers le delta
 du Rhône. Nous voyons le fléau arrêté par les montagnes de l'Auvergne
et du Cantal, nous le voyons, en un mot, exercer surtout ses ravages
 dans les lieux bas, humides, et vers l'embouchure des rivières.
     A laquelle de toutes ces explications s'arrêter, ou en d'autres ter-
  mes, à quelle cause devons-nous rapporter l'origine du choléra? —
 Franchement, nous l'ignorons, et nous ne perdrons pas de temps à
 dissimuler notre ignorance. Mieux vaut s'efforcer de saisir, dans une
  sphère moins élevée, les circonstances accessoires qui ont une influence
  sur la marche et l'intensité des épidémies, afin de pouvoir les écarter
  si faire se peut, et rendre ainsi le fléau moins redoutable.
     Quelque soit l'opinion que l'on se forme touchant la nature et la
  cause du choléra, on ne peut nier, car ce sont des faits démontrés par
  l'expérience, on ne peut nier que la salubrité des villes, la propreté
  des habitations, l'entassement plus ou moins grand des individus, la
  misère ou les excès, de quelque nature qu'ils soient, ne constituent au-
  tant de circonstances qui exercent sur l'intensité d'une épidémie une
  influence réelle et immense. En vain signale-t-on des faits contraires,
  ils sont tout-à-fait exceptionnels ; or, les exceptions ne peuvent infir-
  mer en rien la règle. De ce que le tonnerre tombe quelquefois au fond
   d un puits, on n'est pas en droit de conclure que les pointes éle-
  vées n'attirent pas la foudre. Les quartiers de la cité et de l'Hôtel-de-
  Ville, à Paris, sont ceux qui ont le plus souffert en 1832. On se rap-
  pelle ce qu'étaient ces quartiers à cette époque. La moyenne de la
  mortalité dans les quartiers situés a moins de 25 mètres au-dessus
   de la Seine, a été de 60 sur 1000 habitants, tandis que la moyenne
  n'a été que de 18 sur 1000 pour les quartiers situés au-dessus du
   niveau indiqué. Ce qui s'est passé à la Salpêtrière en 1832 et 1849
   vient de tous points confirmer ce que l'on a dit de l'influence de l'hu-