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12                       LE PAYSAN ÉLECTEUR.

journaux de Proudhon et de Thoré, et porter ensuite au scrutin la liste
rouage dans une pensée de vol et de spoliation !
    0 charmante bucolique qui étiez éclose dans les imaginations mo-
narchiques-religieuses, qu'êtes-vous devenue, et pourquoi vous etes-
vous changée en une satyre amère ! Mais pourtant ce séduisant tableau
qu'on avait placé sous nos yeux, à notre porte, on ne peut y renoncer ;
seulement, on l'éloigné de quelques générations. C'est maintenant le
paysan du XVIIe siècle qui est le modèle de la vertu simple et pratique,
le type chrétien.
    « Il s'élevait communément à la plus grande hauteur morale où
« l'homme puisse parvenir ; il croyait en la justice et en la miséricorde
« de Dieu, et il acceptait sans murmure l'humble rang où il était
« placé, en cela supérieur, nous osons le dire, au philosophe qui osait
« le peindre sous des traits repoussants. La société ne l'abandonnait
« point et il ne la poursuivait point de sa haine. Il n'ignorait ni ses
 « devoirs en cette vie, ni les espérances de l'autre, et il coulait ses
 « jours voués au travail, dans la crainte et dans l'amour de Dieu. C'é-
 « tait à la campagne qu'on avait du bon sens et des bonnes mœurs. »
    Pourquoi l'écrivain a-t-il donné à cette sorte de bejgerie chrétienne
une date fixe ? Pourquoi, surtout, cette date du XVIIe siècle si malheu-
reusement éclairée par les Fénelon, les Boisguilbert, les Vauban ?
Hélas ! nous savons trop bien ce qu'il en était du bonheur du peuple,
sous le règne qui fut l'apogée de l'ère monarchique. Le XVIIe siècle
 s'ouvre clans les agitations de la ligue, il se poursuit à travers cette
 série de troubles et de guerres civiles qui signalent la minorité de
Louis XIII, les révoltes des princes et des grands contre la dure direc-
tion de Richelieu et ce mouvement démocratique avorté qui s'appelle la
Fronde. Mais,mon Dieu,ne parlons pas de cela ! arrivons tout de suite
à l'époque où la monarchie s'établit dans son plus vif éclat, dans tout
 son développement, après avoir surmonté les résistances intérieures
 et couronné ses succès sur les partis par le prestige de ses victoires sur
 les ennemis extérieurs. Et prenons les années les plus brillantes, celles
 qui s'écoulent depuis la fin de la Fronde jusqu'à la révocation de l'édit
 de Nantes. Eh bien ! c'est précisément alors que l'agriculture tombe
 dans un tel déclin, que c'est encore aujourd'hui une question de savoir
 si les progrès qu'elle a faits, notamment depuis 1789, l'ont replacée à
 son ancien niveau. C'est alors qu'on voit la propriété tellement écrasée
 par une administration prodigue et oppressive, qu'elle est considérée
 comme une charge, et que les terres, dit Boisguilbert, ne pouvant être
 achetées ni possédées par des particuliers taillables, sont baillées dans