Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
         LE PAYSAN ÉLECTEUR.
                   LES ÉLECTEURS DE L'EST.




   Nous avons sous les yeux un article publié dans l'Univers, sous ce
titre : Le Paysan du XVIIe siècle et le Paysan actuel.
   En lisant cette description comparative de l'homme des champs des
deux époques, nous avons été frappés du changement radical qui s'est
opéré dans le jugement d'une certaine partie de la presse. Il y a peu
de mois, on n'avait pas assez d'éloges pour la saine raison et le carac-
tère loyal et pur de l'électeur rural. C'était le travailleur par excellence,
l'homme dont le bon sens avait percé à jour tous les systèmes faux. Ne
s'était-il pas élevé jusqu'à une sorte de métaphysique naturelle, jus-
qu'à l'idée de l'unité ? Oh ! le suffrage universel était alors trouvé une
mstitution admirable. On pardonnait presque à la révolution de Fé-
 vrier de nous Savoir donné, car on espérait bien qu'il servirait à la
détruire. — Et sî vous osiez dire que le vote du 10 décembre n'était
u
  û qu'au prestige d'un nom qui sera longtemps le symbole delà gloire
nationale, on vous répondait que vous n'y entendiez rien, que le
Paysan avait bien sciemment voté contre la république, que le même
calcul avait uni dans le même vote le château et le village, et que, sous
le bulletin qui portait le nom de Bonaparte, il y avait une pensée se-
crète qui supposait celui d'Henri V.
   Combien les/paysans sont déchus, depuis le 13 mai, dans l'estime
du parti que représente l'Univers! Voulez-vous en juger? Ecoutez :
    « Nous voudrions que Labruyère pût contempler le paysan de nos
" jours dans toute la splendeur de ses progrès politiques, intellectuels
« et moraux ; n'écoutant plus son curé, ne connaissant plus Dieu,
" n'y croyant plus, esprit fort, lisant au cabaret le journal de M. Prou-
" dhonouceluideM. Thoré,et allant porter au scrutin la liste rouge,
« dans la conviction profonde qu'il pourra ensuite jeter sa griffe avide
« sur quelque bon lambeau du bien d'autrui. »
    Voyez-vous cette mauvaise humeur contre le progrès politique,
dont le dernier terme est le suffrage universel, qu'on regardait naguère
comme l'ancre de salut de la société ! Voyez-vous cette population qui
opposait victorieusement son intelligence et sa moralité aux utopies
subversives, et qui, maintenant, va dans les cabarets s'inspirer aux