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                              NOTRE BUT                                0
    11 en est temps encore : qu'une enquête permanente recueille toutes
les douleurs du pays. Et nous, travailleurs obscurs, ouvrons-en les
premières pages à notre ville natale, à Lyon, cette fille aînée de l'in-
 dustrie française, ce grand atelier des produits de nos contrées méri-
 dionales, ce chantier embrasé où le travail le plus opiniâtre ne peut
 calmer la fièvre politique, Lyon, toujours ravagé et toujours renais-
 sant de ses cendres, plus vivace, plus brillant et plus tourmenté d'un
 m
   al sans nom, mais non, peut-être, sans remède.
     Notre cité désolée n'a-t-elle pas droit à nos études principales, car
 u s
     'agit de nos déchirements, et encore de nos espérances dans cet
 avenir, aujourd'hui voilé, demain peut-être radieux et serein.
    Nous ne pouvons oublier non plus, ni Saint-Etienne, assise dans
 ses montagnes, les pieds sur la houille, le front paré de rubans, et
 les mains armées de ce fer qu'elle forge, lime et polit ; ni les puits
 profonds de Rive-de-Gier, où les Mineurs infatiguables arrachent le
 charbon, ce pain vivant de l'industrie.
     Ni Vienne, pavée de mosaïques romaines, et qui sait habiller nos
 cultivateurs d'une laine impérissable ;
     Ni Tarare, dont nos jeunes filles recherchent les tissus aussi légers
que ceux de l'Inde ;
    Ni Villefranche, qui fait le vêtement du pauvre, et dont les co-
 teaux voisins sont environnés de vignes fécondes, orgueil et désespoir
 du laborieux vigneron.
    A toutes ces sœurs de la même famille, donnons l'obole d'une pensée
 fraternelle.
    Mais l'homme n'est pas tout dans le pain et le vêtement ; ses plus
 nobles facultés^clament aussi à la société leur nourriture généreuse,
leur libre développement et leur essor vers des régions supérieures.
    Ecoutons ces voix de l'âme d'un peuple, comme nous prêtons l'o-
reille aux douleurs de son corps. La parole qui s'élance de cette bouche
'nspirée nous invite à recueillir les fruits, en pleine maturité, qui tom-
 |^ n t, à chaque heure, de l'arbre de la science, et cette lumière qui
jaillit du front de l'homme nous guide sur la trace hardie de son pas
dans l'inconnu, où chaque enjambée recule l'immensité.
    Que nos sens purifiés se pénètrent aussi du parfum qu'exhalent les
neaux-arts ; ouvrons les retraites cachées de nos âmes à leurs subli-
mes et consolantes émotions, car ils ne sont que la forme et la voix
de ce qu'il y a de plus exquis, de plus délicat et de plus élevé dans
'a nature humaine, le sentiment et l'intelligence.
   ^a philosophie, cette formule de la raison, qui en cherchant la li-