page suivante »
2 NOTRE BUT. tinées du pays, en même temps qu'il garde sa propre sûreté, sa li- berté et le bonheur des siens. Nous voulons encore prendre place dans les assises de l'opinion où se débattent sans cesse les intérêts, les projets, les théories, les idées qui, un jour, après un long travail d'élaboration, seront transformées en loi, la loi de tous et pour tous, cette majestueuse personnification de la volonté nationale. Le champ politique est assez large pour que chacun puisse y choisir son. labeur et son fardeau. Quant à nous, sans pénétrer dans cette mêlée des partis, combat corps à corps, où les noms heurtent les noms, où les adversaires sont sans merci et pitié, nous voulons relever le dé- bat et porter la discussion dans des régions plus calmes, où la raison puisse trouver le temps de se" replier sur elle-même, de s'interroger et d'émettre son jugement, à l'abri des entraînements d'une lutte passionnée. Sans dénigrer non plus la mission laborieuse de la presse militante, nous laissons à cette sentinelle avancée de toutes les couleurs, l'ardeur de l'improvisation de chaque jour, la récolte hâtive des événements, la vigilance soupçonneuse, la discipline et: l'unité inhérente à l'action. Nous ne sommes ni une faction, ni une école. Sans autre lien qu'une large et libérale sympathie d'idées, nous essayons d'établir dans notre ville un organe qui, tout en soutenant les principes féconds de la Démocratie, évitera les irritations de là polémique quotidienne et se placera au-dessus des préventions et des intolérances de l'esprit de parti. Nous voulons tenter de concilier plutôt que de diviser, apaiser les passions au lieu de les surexciter, en nous attachant moins aux hommes qu'aux choses et en donnant à l'idée le pas sur le fait, à la cause la préséance sur l'effet. L'avenir est à la Démocratie. C'est dans cette voie qu'il faut mar- cher sans peur, sans défaillance, sans folles illusions, sans enthou- siasme juvénile, mais avec calme, sang-froid, et de ce pas ferme et assuré de l'homme qui voit clair dans son chemin. Arrière donc les regrets du passé ! Arrière les vieux drapeaux ! ! Quand le temps est en marche, a dit Chateaubriand, le plusfiercham- pion ne le ferait pas reculer d'une semelle. La France a pris possession de sa souveraineté. Elle doit montrer, sous peine d'abdication, qu'elle est digne de se gouverner elle-même, et le gouvernement ce n'est ni un théorème mathématique, ni une aspiration rêveuse au bonheur absolu, ni une haine implacable a