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718 CHRONIQUE POLITIQUE. de Bourse qui l'implorent, afin de pouvoir renouveler en toute sécurité les scandales des dernières anr/ées de la monarchie ? Croyez-vous que, si les chefs ostensibles du parti monarchique avaient une foi entière dans le Président, ils n'auraient pas songe à cet expédient si simple de l'état de siège? Mais ils se délient de M. Louis Bonaparte; mais, en pleine paix, d'un tour de scrutin ériger une dictature, improviser une dy- nastie, crier un beau matin, sans que la France éclate de rire: Vive Changarnier I e r , voilà ce qui fait reculer tout le monde, même les plus intrépides ! Aussi, point d'émeutes, point d'insurrections, point de troubles, sous aucun pré- texte et à aucun prix ! La paix, la paix la plus entière, la plus profonde, telle est l'unique et certaine condition de la durée de la République. La paix n'est peut être pas dans les esprits ; mais, ce qui vaut mieux, elle est dans les faits, elle est comme imposée d'en haut. Que les adversaires de la République la subissent comme un châtiment ! La nouvelle loi électorale va créer à la bourgeoisie de nouveaux devoirs ; depuis Février, cette bourgeoisie, issue de la révolution, cette bourgeoisie, qui criait : Vive la Réforme ! s'est tenue à l'écart ; dépassée un moment par les impatiences du prolé- tariat, elle va reprendre la place qui lui appartient par droit d'aînesse ; initiée la première à la vie politique, héritière de la philosophie de 89, déjà disciplinée par les institutions parlementaires des régimes passés, elle doit.sans hésitation, vigoureu- sement, généreusement, se mettre à la tête du mouvement qui a éclaté en Février, le modérer, le régulariser ; développer la révolution et lui faire porter tous ses fruits ; payer de sa personne et de son influence sans faux égoïsme et sans vain or- gueil, telle est sa tâche, telle est sa mission. Que si, oublieuse de sa destinée, elle laisse le jacobinisme et la contre-révolution s'entrechoquer sous ses yeux ; elle aura beau, à l'heure de la bataille, se croiser les bras ou se laver les mains en disant : Je suis innocente de ce qui arrive, elle n'échappera point au commun désastre. Les détestables orgies renouvelées de I 8 I 5 ou de 1793 ne lui laisseraient d'autre alter- native qu'une déchéance honteuse ou une ruine sanglanle. En 1820, M. Guizot posait ainsi la question entre la royauté légitime et la France : gouverner de concert avec les intérêts nouveaux et à leur profit, ou gou- verner de concert avec les intérêts anciens et sous leur influence. La question n'a pas changé en i85o ; il s'agit toujours desavoir si les éléments anciens prévaudront sur les éléments nouveaux ; une révolution est toujours, quoi qu'on dise, le triomphe de certains intérêts, de certaines idées, de certaines forces ; vous n'établirez un ordre fécond qu'en tenant compte de ces intérêts, de ces idées et de ces forces ; Bonaparte, premier consul, le comprit bien. L'idée ne lui vint point de restaurer la société, le gouvernement d'avant 89 ; il employa des noms nouveaux pour