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668                 ABSURDITÉS ET IMPOSSIBILITÉS.

pas due. Allons, Messieurs les Polignac de la République, machine/
 des ordonnancés de Juillet, et vous verrez le résultat de votre œuvre !
 Mais si nous admettions, même comme une pure hypothèse, que les
personnes actuellement investies des pouvoirs constitutionnels mé-
ditassent de tels projets, nous serions coupables envers ces personnes.
La question est de savoir si la provocation ouverte à un acte qualifié
 de crime et d'attentat restera impunie.
   La troisième imagination est Y appel au peuple que M. de la Roche-
jacquelein a porté à l'Assemblée législative, et qui a été repoussé à l'u-
nanimité moins trois voix par la question préalable !
   Reste la réforme du suffrage universel. On se souvient que la révo-
lution de Février a eu, pour précédent, les longues et inutiles récla-
mations pour la réforme électorale, et il paraît très-logique de vouloir
détruire l'œuvre de Février par une contre-réforme. Mais, là encore
se trouve un écueil. Les changements qu'il est possible de faire à la
loi électorale, s'ils sont renfermés dans le cercle étroit de la Consti-
tution, ne manifesteront qu'un mauvais vouloir; ce sera la colère dans
l'impuissance. C'est la Constitution qui établit le suffrage universel ;
c'est la Constitution qui appelle au scrutin tous les Français âgés de
vingt-un ans. Les lois qui peuvent les en priver sont les lois pénales
qui établissent des indignités. Hors de là, toute exclusion est incom-
patible avec l'universalité. Mais, d'ailleurs, vous ne ferez rien sans
vous blesser vous-mêmes. A Paris, pour les élections du 28 avril, il y
avait vingt-cinq mille électeurs de moins qu'aux élections du 10 mars,
vingt-cinq mille électeurs qu'on avait trouvé le moyen de retrancher
sur les listes expurgées, et la majorité démocratique n'en a été que
plus forte. Si vous introduisez quelque expédient pour éloigner du
scrutin les ouvriers voyageurs, il faudra, à plus forte raison, en éloi-
gner les domestiques à gages. Il en sera ici comme de la loi des
maires, qui ruinait l'influence des légitimistes dans l'ouest, et comme
de la loi sur le timbre et le cautionnement des journaux, qui ruinait
la presse réactionnaire des départements. Toute loi de compression
et de restriction est une arme à deux tranchants ; il n'y a que la li-
berté qui soit pour tout le monde.
   Toutes ces mesures, sauf celle de M. de la Rochejacquelein, qui
était franche et ouverte, ont un caractère d'hypocrisie et de timidité.
Voyons ; la question est de savoir si vous êtes assez forts pour briser
les barrières où vous renferme la Constitution. Si vous répondez non,
vous n'avez pas d'autre parti que de vous y résigner absolument et