Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                  DE LA CAISSE DE RETRAITE A LYON.                     (iM
 primes, et le nombre des primes ne dépasserait pas cent mille. Le ca-
  pital des primes ne pourrait faire retour aux héritiers.
     Les diverses combinaisons de ces projets viennent d'être soumises
  au Conseil général de l'agriculture et de l'industrie, et ont donné lieu
 à une discussion vive et approfondie. Le Conseil a émis l'avis que les
 versements devaient être facultatifs, à l'exclusion de la retenue obliga-
 toire, que le maximum de la pension ne devait pas dépasser 360 francs
 pour conserver son caraclère alimentaire. Le Conseil a repoussé le
 système des primes allouées par l'Etat, comme encouragement au dé-
 pôt, dont ou a admis la réversibilité facultative sur la tète des hé-
  ritiers.
     L'étude de cette importante question est donc complète, elle n'attend
 plus que le couronnement d'un vote national. De cette trop lente éla-
 boration, il est résulté que les projets qui tendaient à assimiler la
 Caisse des secours mutuels et celle des retraites des invalides de l'in-
 dustrie, à l'institution de prévoyance fondée par Colbcrt pour la ma-
 rine, étaient impraticables et pleins de dangers. La retenue obliga-
 toire, imposée à l'ouvrier, constituerait un engagement auquel on ne
pourrait le plier, et qui amènerait les conflits et les résistances où l'on
ne voulait que faire germer l'esprit de conciliation. Imposer la re-
tenue, c'est dégager le travailleur de sa propre responsabilité, c'est af-
 faiblir, dans sa conscience, le sentiment de la liberté, du devoir et du
 soin de l'avenir.
    La position du marin discipliné par tradition, toujours matelot, et
 constamment attaché à un équipage, depuis son enfance jusqu'au mo-
ment du repos, n'a aucune analogie avec la liberté absolue de l'ou-
vrier qui, par humeur et par caractère , se préoccupe surtout de son
indépendance. Le système possible sur cent cinquante mille familles
de marins classés dans un même genre de vie ne l'est certainement pas
pour trois ou quatre millions de familles dispersées sur tout le terri-
toire, attachées aux industries les plus variées et les plus morcelées.
    La difficulté serait bien encore plus grande si, pour constituer le ca-
pital de prévoyance, on voulait demander à chaque industriel, à chaque
agriculteur, un prélèvement de cinq pour cent sur les bénéfices de son
exploitation. Ce serait entrer dans une voie inextricable -de détails,
d'impossibilités, auxquels nulle force sociale ne pourrait suffire.
    Le gigantesque s'écroule d'ordinaire devant le terre-à-terre de la
pratique et du possible, et les illusions même les plus généreuses s'é-
vanouissent devant la sévère réalité. Ces réflexions doivent, à regret,
s'appliquer au projet d'une grande société nationale fraternelle, de se-