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                         DEPUIS LA. REPUBLIQUE.                         631
   viennent que la République est ce qui divise le moins la France, par
  conséquent, ce qu'il y a de plus certain et de plus solide. La Répu-
  blique est, en effet, la stabilité même auprès des partis monarchiques
   qui se liguent contre elle, unis par la haine et séparés par tout le
  reste, en sorte que chacun d'eux est encore plus éloigné des deux
   autres que de cette République, qu'ils combattent ensemble, et que,
   pour prix de leur victoire, ils ne nous présentent qu'une guerre civile
   entr'eux. Ils disent que la forme républicaine est, par son essence, le
  régime de la mobilité, sous le souffle des caprices et des passions po-
  pulaires ! Eh bien! c'est un préjugé contre lequel il faut en appeler à
  l'histoire, qui nous montre que les gouvernements républicains sont
  ceux qui ont eu le plus de suite dans leur politique et dans leurs idées.
  Cela se conçoit : le gouvernement républicain est le serviteur des in-
  térêts d'un peuple ; or, à comparer le caractère, les idées, les intérêts
  d'un peuple, dont la vie est presque une éternité, avec ceux d'un roi,
  dont la vie est une vie humaine, évidemment la fixité et l'invariabilité
  sont pour le peuple, la mobilité et l'instabilité sont pour le roi.
     Laissons donc ces fausses idées que la prospérité économique et in-
  dustrielle ne peut se trouver au sein des républiques. Cette erreur est
  démentie par toute l'Europe, qui témoigne que c'est précisément et
  exclusivement chez les peuples libres que ces éléments de progrès se
 sont développés ; elle l'est, de nos jours, par cette jeune Amérique
 du Nord, dont la croissance en population, en richesse, en puissance,
 est si miraculeuse. Notre France a presque doublé, depuis soixante
 ans qu'elle a rompu avec ce passé qu'on regrette si amèrement. Elle ne
 s'est arrêtée, elle n'a rétrogradé que lorsque les gouvernements aveu-
 gles ou personnels ont refusé à ses poumons l'air vivifiant de la li-
 berté. Mais ses destinées ne sont point achevées. Elles acquerront
 une nouvelle impulsion, sous cette Constitution républicaine qui, jadis
 inaugurée au sein des orages, des luttes acharnées et sanglantes des
 partis et de la guerre étrangère, nous revient après bien des vicis-
 situdes, comme la forme la seule possible, la forme définitive sous la-
quelle doit marcher et agir la société française. C'est là qu'est notre
repos ; c"est là que la volonté de Dieu nous attache, afin qu'assis sur
cette base, nous puissions acquérir et la grandeur matérielle et la
grandeur morale nécessaires à la nation qui doit toujours être à la
tête de la civilisation du monde.

                                                      MIR.