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                        UKPL'IS LA 11KPUBLHJI.E.                     (327
naturels el légitimes de la richesse, en les corroborant par des avan-
 tages politiques ; car elle crée alors un ordre de dominateurs : et, si
l'on prétend repousser cette objection, en répondant que la richesse
 n'est point une caste séparée et fermée, mais qu'elle est, au contraire,
 ouverte et accessible à tous, on aura fait une réponse que le bon sens
 public n'admettra pas, puisqu'il est impossible, en fait, que la richesse
 ne soit pas le lot du petit nombre, et que le grand nombre n'en soit
 pas exclus. Mais lorsque, dans une nation, il y a une classe domina-
trice, qu'elle se compose de nobles, ou qu'elle se compose de riches,
tout le monde veut en être, tout le monde s'efforce d'y entrer. De là,
quand le privilège est fondé sur la richesse, l'avidité et le luxe, l'avi-
dité, pour devenir riche, le luxe, pour le paraître.
    On contestera peut-être le principe que nous assignons aux deux
 fléaux qui dévorent notre société, en corrompant nos mœurs ; à cou])
 sûr, on ne niera pas ces deux fléaux. Depuis qu'une voix, partie d'en
 haut, a prononcé ces mots funestes : Enrichissez-vous, tous se sont,
précipités dans la lice indiquée comme le but de l'activité individuelle.
Chacun a pris hâte, chacun a voulu arriver avant les autres. Mais
nous parlons ici de décadence dans la prospérité matérielle du pays.
 Comment donc accorder un tel résultat avec cette course générale vers
 la fortune? Comment tant d'efforts pour acquérir la richesse enfantent-
 ils la misère? Non, il n'y a point ici de contradiction. La richesse qui
 naît du travail moral, est un édifice lent à construire, œuvre de pa-
 tience et de prévoyance. Elle a des progrès parallèles à ceux de la ri-
 chesse publique, car les éléments dont elle se compose sont ceux
 qu'une activité sage et bien réglée ajoute à la masse des réserves so-
 ciales, création qui n'est formée au préjudice de personne, et qui, au
 contraire, sert à tous. Mais la riehesse qui se poursuit par les passions
 avides et impatientes de jouir, celle-là, qui n'attend pas les tardives
 superpositions que le travail créateur opère, non seulement n'ajoute
 rien au fond social, mais encore elle ne se forme qu'en détruisant
 autour d'elle. Elle n'est que le produit d'un jeu, où il n'y a point de
 gagnant sans perdant. De là, cet antagonisme général, où chacun no
 veut acquérir qu'aux dépens des autres; de là, cette concurrence sotte
 et désastreuse, d'où il ne sort, de tous côtés, que des ruines, où le
 grand succès est d'être un peu moins ruiné que ses adversaires, afin de
leur survivre, où le grand mérite est d'civoir ce qu'on appelle les reins
forts, c'est-à-dire plus de capital à perdre, afin qu'il nous en reste,
quand celui des concurrents est consommé ; de là, ces fabrications à
"vil prix, et ces ventes au-dessous du revient; delà, les fraudes et les