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606 LYON APRĂS LE 9 THERMIDOR. de corruption/ et d'Ă©goĂŻsme, de mauvais sentiments comprimĂ©s, de lĂąchetĂ© que la peur avait un jour changĂ©e en audace. Ce qu'on per- sĂ©cutait toujours, c'Ă©tait le culte chrĂ©tien,c'Ă©taient ses prĂȘtres. Charlier et Pocholle lancĂšrent un arrĂȘtĂ© fulminant contre le flĂ©au du fana- tisme religieux, qu'ils signalĂšrent comme la source fĂ©conde des trou- bles sanglants ; ils voulaient ramener tous les Français au jour de la vĂ©ritĂ©, et qualifiaient les prĂȘtres d'ennemis du bonheur social, Ă l'Ă©- gard desquels il ne pouvait y avoir ni composition, ni trĂȘve. Ils en- joignaient aux administrations de combattre de tous leurs pouvoirs les restes du fanatisme ; ils proclamaient, comme ayant bien mĂ©ritĂ© de l'humanitĂ©, celui qui, par la voie de la persuasion, aurait travaillĂ© Ă ce but, et ajoutaient : « Celui qui aura pu dĂ©couvrir un prĂȘtre re- belle aura Ă©galement bien mĂ©ritĂ© de l'humanitĂ© ; il recevra la rĂ©com- pense que la loi lui assure. » On voit que c'Ă©tait toujours FouchĂ©, moins l'Ă©chafaud. Mais, l'esprit populaire ne cessait de rĂ©sister, et on ne pouvait par- venir Ă y effacer l'idĂ©e de Dieu. Dans les villes, les fĂȘtes dĂ©cadaires, cĂ©rĂ©monies d'ailleurs purement civiles, Ă©taient cĂ©lĂ©brĂ©es avec une pompe qui appelait la foule. Dans les campagnes, tous les efforts de la puissance ne purent parvenir Ă abolir le dimanche. Le sentiment mystĂ©rieux de l'infini, ne pouvant avoir sa satisfaction lĂ©gitime dans la religion proscrite, se fit jour en plusieurs lieux, par un Ă©trange mys- ticisme. Charlier et Pocholle Ă©crivent Ă la Convention nationale « qu'il existe de nouveaux rassemblements de fanatiques qui, mĂȘlant Ă leurs superstitions des formes constitutionnelles, prĂ©tendent Ă©tablir la rĂ©pu- blique de JĂ©sus-Christ. A la tĂȘte de ce rassemblement, est une femme dont la chastetĂ© n'est pas la vertu principale ; on y voit aussi un juif catholique {sic), nommĂ© MoĂŻse: cette nouvelle secte cĂ©lĂšbre des fĂȘtes religieuses, et est dĂ©jĂ trĂšs-nombreuse. » Cette lettre, dit un journal, fut renvoyĂ©e aux trois ComitĂ©s. Boudin expose que les prĂȘtres rĂ©frac- taires et non-rĂ©fractaires se sont empressĂ©s de saisir toutes les cir- constances qu'ils ont cru favorables pour souffler le fanatisme. Il de- mande que, dans toute la RĂ©publique, dĂšs qu'il se sera manifestĂ© une Ă©meute, les prĂȘtres assermentĂ©s ou non soient provisoirement arrĂȘtĂ©s. Lecointre demande et obtient la question prĂ©alable, en faisant observer que les autoritĂ©s sont lĂ pour maintenir l'ordre, et qu'elles feront ar- rĂȘter les perturbateurs, qu'ils soient prĂȘtres, nobles ou autres. Cependant,l'adresse votĂ©e parla Commune fut prĂ©sentĂ©e Ă la Con- vention. « .... Au 9 Thermidor, disait la citĂ© supplianle aux reprĂ©- sentants de la nation, vous avez sauvĂ© la RĂ©publique. Eh bien! ci-