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588           SUll LE DISCOURS DE M. DOTSOoO CORTÈS.
que dans soïi existence générale, comme le lien nécessaire de la so-
ciété. Il est bien clair que ce précepte, donné à l'individu, ne nie pas
le droit social envers lequel tout peuple constitue ou modifie son gou-
vernement, comme le ministre de sa propre volonté et l'instrument
de sa propre action. S'il en était autrement, il n'y aurait qu'un seul
mode d'existence des sociétés ; tout y serait coordonné d'une manière
uniforme et fatale. Au lieu de ces variétés et de ces sous-variétés de
gouvernements, successives et mobiles, il n'y en aurait plus qu'une
seule. De plus, Dieu ayant accordé à un très-petit nombre d'hommes
le droit de commander à leurs semblables, il les aurait marqués d'un
signe visible et appréciable ; en telle sorte que ces familles princières
auraient eu, au-dessus des autres, une supériorité d'intelligence et
de vertu, permanente et transmissible comme leur autorité, évidente
 comme la supériorité du père sur l'enfant. Mais Dieu, au contraire,
 n'a mis sur la terre que des hommes semblables en nature et égaux en
 droits. Et, non seulement cette doctrine absolutiste, soi-disant reli-
gieuse, est opposée à l'essence du Christianisme, elle l'est aussi à
toutes ses traditions. L'Eglise a donc eu tort de considérer, à toutes
 les époques, la forme du gouvernement comme indifl'érente ? Les pré-
lats de France doivent donc être frappés d'anathéme pour avoir salué
 l'avènement de la République, en 1848,et béni ses insignes? Vérita-
 blement, il faut être monarchiste espagnol pour soutenir de telles
 énormités.
    M. Donoso Cortès signale la cause du mal, suivant lui, grave et
 profond, qui dévore les sociétés européennes: c'est que l'idée de l'au-
 torité divine et de l'autorité humaine a disparu. Mais l'orateur tombe
 ici dans l'erreur commune à tous les absolutistes. Parce qu'ils se for-
 gent une idée fausse de l'autorité divine et humaine, qu'ils enchaînent
 le monde à une politique surannée, et qu'ils abaissent la religion pour
  en faire un support à cette politique, ils voient l'esprit des peuples
  échapper de toutes parts à des liens qui ne sont plus faits pour la
  nature humaine parvenue à son ère d'émancipation, et alors, ils gé-
  missent et se répandent en prophéties sinistres , comme si le monde
  avait perdu son principe de vie. Mais, commençons par mettre à part
  et hors du débat l'autorité divine, et, par ce mot, nous entendons,
  aussi bien que M. Donoso Cortès, le Christianisme, le Catholicisme.
  Eh bien ! le Catholicisme n'est point cette chose étroite qui ne serait
  adaptée qu'à un seul état de l'homme en société ; le Catholicisme est
  ce principe élevé et fécond qui embrasse toutes les évolutions de l'es-
  prit humain, dans ses progrès, et toutes les formes sociales. Quanta