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586 SUR LE DISCOURS DE M. DONOSO CORTÈS. le régime constitutionnel n'atténue pas au moins, ni ne divise ce droit royal de régner et de gouverner. Mais, n'oublions pas qu'il s'agit ici de la monarchie constitutionnelle d'Espagne, dont la prérogative est de fusiller sans jugement, et de lever des impôts sans loi. Et puis, il y a bien aussi le roi constitutionnel de Naples, et l'empereur constitu- tionnel d'Autriche, qui régnent, gouvernent, fusillent et bombardent très-affirmativement, et, suivant les principes de M. Donoso Cortès, très-eatholiquement ! Voyons, maintenant, comment les négations surgissent dans ces ordres d'affirmation. 1° des hommes disent : Dieu existe, Dieu règne ; mais il est trop élevé pour gouverner les choses humaines. La négation qui correspond à celle-ci, en politique, dit: le roi existe, le roi règne, mais le roi ne gouverne pas. Ainsi, poursuit l'orateur, la monarchie constitutionnelle progressiste appartient à la civilisation négative du premier degré. Notez qu'il répond ici aux Progressistes du Congrès espagnol, qui ne veulent pas accorder à la reine la faculté de décréter l'impôt par ordonnance. Voilà donc qui est bien entendu : le Constitu- lionalisme négatif, anti-catholique, c'est celui d'une assemblée repré- sentative, qui aurait l'audace de prétendre régler ou réviser le budget des dépenses de l'Etat. Seconde négation : le Panthéiste s'avance et dit : Dieu existe, mais Dieu n'a pas d'existence personnelle ; et Dieu n'étant pas une per- sonne, il ne règne ni ne gouverne. Négation correspondante, en poli- tique : le Républicain vient et dit : le Pouvoir existe, mais le Pouvoir n'est pas une personne ; et, n'étant pas une personne, il ne règne ni ne gouverne: le Pouvoir, c'est tout ce qui vit, c'est la multitude. Dès- lors, il n'y a plus de moyen de gouvernement que le suffrage univer- sel, ni de gouvernement que la République. L'arrêt est prononcé. Voilà la République doublement convaincue de négation envers le Dieu du christianisme, doublement anathéma- tisée, doublement anti-civilisatrice. Nous pourrions en rester là , puis- que nous avons reçu notre sentence. Cependant, suivons l'orateur à son troisième degré, c'est-à -dire jusqu'au fond de l'abîme. Troisième négation : l'Athée s'avance et dit : Dieu ne règne ni ne gouverru; Dieu n'est ni une personne, ni la multitude; Dieu n'existe pas. Et Proudhon vient et dit: il n'y a pas de gouvernement.... Quel dommage que cette saisissante analogie pêche par sa, base ! Car, qui- conque a lu deux lignes des écrits de Proudhon sait parfaitement que l'habile sophiste ne nie positivement Dieu qu'en tant qu'être person- nel ; que, dans son système, Dieu, c'est l'humanité; en un mot, que