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               SUK LE DISCOURS DE M. DONOSO CORTÈS.                    585
 sonne royale, et comment cette personne, étant nécessairement ou
 l'héritier de Louis XIV, ou l'héritier de Napoléon, ou l'héritier de la
 famille d'Orléans, il y a moyen de satisfaire l'un de ces trois partis,
 sans blesser les deux autres.
    Faisons comme l'orateur, passons sur la difficulté, pour arriver aux
 arguments avec lesquels il soutient sa thèse. Nous avons eu l'occasion
 de remarquer, dans un précédent article, le singulier christianisme
 lue les hommes de la légitimité construisent à l'appui de leur doc-
trine, et par lequel, s'imaginant élever le roi à la hauteur de Dieu, ils
 abaissent en réalité Dieu au niveau du roi. M. Donoso Cortès, lui
 aussi, se fonde sur cette prétendue solidarité d'un homme et de l'Etre
 infini, en sorte que, sans l'homme-Roi, il n'y a plus de société hu-
 maine sur la terre, plus de Dieu dans le ciel. Il établit trois principes,
 qu'il appelle affirmatifs, dans l'ordre religieux, et il leur fait corres-
pondre parallèlement trois principes affirmatifs, dans l'ordre politique ;
à tel point, que la négation de chacun de ces principes, dans l'ordre
auquel il appartient, entraîne une négation analogue dans l'ordre cor-
respondant.
    Dans l'ordre religieux, la première affirmation est celle-ci.- un Dieu
personnel existe, et ce Dieu est présent partout. Seconde affirmation :
ce Dieu personnel, qui est présent partout, règne au ciel et sur la
terre. Troisième affirmation : ce Dieu, qui règne au ciel et sur la terre,
gouverne absolument les choses divines et humaines.
    Dans l'ordre politique, les trois affirmations correspondantes sont
celles-ci : 1° il y a un roi qui est présent partout, par le moyen de ses
agents ; 2° ce roi, qui est présent partout, règne sur ses sujets ; .'5° ce
roi, qui règne sur ses sujets, gouverne ses sujets ; de sorte, dit M. Do-
noso Cortès, que l'affirmation politique n'est que la conséquence de
l'affirmation religieuse.
    L'ordre religieux, constitué dans les trois affirmations, est le catho-
licisme. M. Donoso Cortès devrait dire simplement le christianisme, et
môme aussi le judaïsme et le mahométisme ; car les protestants ni
les juifs, ni les sectateurs de l'islam, que nous sachions, ne contestent
aucune des trois affirmations qu'il pose.
    L'ordre politique, constitué dans les trois affirmations, est la mo-
narchie. En première ligne, la monarchie absolue ; mais M. Donoso
Cortès veut bien y joindre la monarchie constitutionnelle, à certaines
conditions, c'est-à-dire comme l'entendent les Modérés ; car, ajoute-
t-il, aucun parti modéré n'a jamais nié au roi ni l'existence, ni le
règne, ni le gouvernement. Il est fort difficile de comprendre comment