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 580                       LOIS CONTl'.E LA PRESSE.
 il demande' alors des conseils à ses chefs, et, par plus grand malheur
 encore, ils ne les lui refusent pas. Il n'a eu ni le bon sens de gouver-
ner avec une majorité bienveillante pour lui, ni le courage de s'en
passer.
    À propos de cette contradiction, une réflexion vient se placer natu-
rellement sous notre plume. Il y a deux manières, pour le Président,
d'entendre l'exercice de ses fonctions. S'il veut peser sur les délibéra-
tions législatives, si, enivré de sa popularité d'un jour, et considérant
les votes de ses électeurs comme un bill d'indemnité accordé d'avance
à sa politique par six millions de citoyens, il veut lutter d'influence
avec l'Assemblée, cette ambition lui impose l'obligation de n'avoir
pour ministres que des hommes de haute capacité et d'une éloquence
entraînante. S'il renonce, au contraire, aux prétentions de législateur,
pour se renfermer dans le rôle plus modeste, plus désintéressé, mais
plus utile et plus conforme à l'esprit de notre Constitution, du fonction-
naire impartial qui fait exécuter les lois, il peut alors se dispenser de
choisir les chefs de son administration parmi les chefs de la majorité.
Quant à cette entreprise de faire exécuter de grandes choses par- de
petites capacités, c'est manquer à la fois de respect envers la repré-
sentation nationale, et de prudence pour soi.
    Une autre observation, qui n'est pas moins intéressante, c'est celle
de l'attitude prise par la Presse bien pensante, devant ces lois malen-
contreuses. Certes , si le Pouvoir avait le droit de compter sur quel-
ques journaux dévoués à sa politique, c'était bien sur ceux-là, qui se
sont dit les sauveurs jaloux de toutes les choses divines et humaines,
et qui, ayant attroupé, à force de cris, la religion, la famille et la pro-
priété, écriraient volontiers, sur leur chapeau retroussé :
            C'est moi qui suis Guillot, gardien de ce troupeau.

    Leur langage appelait tous les jours la répression au secours de
 l'Ordre menacé ; jamais on n'entendit plus de plaintes contre la liberté
 d'écrire ; jamais on ne mit plus souvent l'étiquette de poison sur l'ex-
 pression de la pensée humaine ; jamais meneurs de deuil et pleu-
 reuses à gage ne déchirèrent les cœurs par de plus aigres lamentations ;
jamais oraison funèbre ne fut entrecoupée de plus de larmes et de plus
de sanglots : la société se meurt.... la société est morte! —Et voilà
que ces journaux, adorateurs de l'intimidation, qui semblaient devoir
prendre le mutisme forcé des gouvernés pour une adhésion aii
gouvernement, et le silence pour la sécurité, se révoltent contre ces
lois inspirées par leurs récriminations incessantes. Us s'aperçoivent