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 Ô76                 Qll'EST-CK QUE LE MAGNÉTISME .'
  à des évaluations, par une cause déterminante et immédiate, sans
   qu'il soit besoin d'avoir recours à un agent nouveau, dont on a gra-
  tuitement supposé l'existence.
     A l'époque de Mesmer, et, dès-lors, les crises convulsives et les éva-
  cuations ont été reconnues pour vraies. Ce sont ces crises qui ont fai*
  vivre alors le Magnétisme et croire à son existence ; l'interprétation a
  été changée, mais elle reste comme un fait. La théorie a disparu avec
  les appareils ; mais on a reconnu un art, un art particulier, et cet
  art, malgré toutes les oppositions, est arrivé jusqu'à nous, et se trans-
  mettra à d'autres générations.
     Avec le baquet, ont cessé les convulsions ; mais une phase nou-
  velle ne tarda pas à paraître. Ce fut M. de Puysegur qui l'inaugura,
  en faisant connaître les phénomènes du Somnambulisme. Alors, les
  imaginations se montèrent à un point extraordinaire ; les magnéti-
  seurs ne connurent plus de limites au possible ; toutes les lois phy-
  siologiques furent impitoyablement immolées : l'œil,désormais,devient
  inutile ; ce n'est plus lui qui est l'organe de la vision ; on voit par la
 nuque, l'estomac, le talon ; on lit sans le secours des yeux ; on lit dans
  une boite, on voit à dislance ; on savoure par le creux de l'estomac :
  c'est là que l'on sent, goûte et entend.
     Les facultés naturelles du somnambule croissent dans une propor-
 tion illimitée ; d'autres facultés nouvelles naissent comme par enchan-
 tement. Par l'intuition, « le somnambule assiste à l'accomplissement
 de toutes ses fonctions organiques ; il découvre le plus imperceptible
 désordre, la plus fugitive altération ; il n'est pas d'affections si légères
 on si latentes, que son œil ne pénètre ; puis, de tout cela, il se fait une
 idée nette, rigoureuse, mathématique. Il dirait, par exemple, combien
il y a de cuillerées de sang dans son cœur ; combien il lui faudrait
de gouttes d'eau pour apaiser sa soif; et toutes ses évaluations sont
d'une incompréhensible exactitude ; le temps, l'espace, les forces de
toute la nature, la résistance et la pesanteur des objets, sa pensée, ou
plutôt son instinct, mesure, calcule, apprécie toutes ces choses en un
clin-d'œil(Teste, Manuel pratique, page III.). »
    Par la prévision intérieure et extérieure, il prévoit toutes les mo-
difications qui doivent survenir dans son organisme, tous les événe-
ments auxquels son existence se trouvera mêlée, mais dont la cause ne
saurait avoir avec elle aucune espèce de relation explicable ( id. page
121 ). Cette prévision ne s'étendra pas seulement au somnambule
lui-même : il saura lire dans le corps des malades avec lesquels on le