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QU'EST-CE QUE LE MAGNÉTISME? 567 miers rayons, des doutes naissent avec eux, avec le doute paraissent les études sérieuses ; et la science ne tarde pas à se fonder sur les bases sérieuses de l'expérience. Dès l'époque de Mesmer (1781) et de Deslon, le scepticisme et l'enthousiasme se livrèrent de rudes combats. Le gouvernement s'en émut, et les corps savants furent chargés d'examiner ce qu'il y avait de vrai dans l'existence d'un nouvel agent, et dans les phénomènes qu'on lui attribuait. Bailly fut chargé de rédiger un rapport, au nom de l'Académie des sciences (1784) ; et il arriva, ainsi que le rapporteur de l'Académie de médecine, à ces conclusions : 1° qu'il n'existe pas, dans l'homme, de fluide animal, par conséquent pas de magnétisme ; que tous les phénomènes que l'on observait, et qui consistaient prin- cipalement alors dans des évacuations et des crises nerveuses, de- vaient être attribués à l'imagination, aux frictions, aux attouchements fit à l'imitation, à l'influence de la chaleur communiquée, à l'agitation de l'air , à la transpiration iusensible, et à l'usage de verres d'eau i chargés de sels purgatifs ; en sorte que, tout l'art du Magnétisme se réduisait à disposer des sujets sensibles et impressionnables, à con- tracter des évacuations et des crises convulsives. Le Magnétisme, comme agent spécial, fut donc mis hors de cause ; aucun savant ne crut à sa réalité. —11 resta seulement démontré que l'on pouvait produire des phénomènes particuliers. Quelle eu était la véritable explication ? était-ce celle des Académies ? était-ce celle des Magnétiseurs? — C'est ce que nous verrons plus tard ; mais, dans le premiers moments de l'importation , il était impossible que l'appareil mystérieux et solennel dont s'entouraient les sectateurs, ne détournât pas l'attention des savants, et ne prévînt pas leur esprit d'une ma- nière fâcheuse et défavorable ; rien, à notre époque, ne peut nous donner une idée de la singulière mise en scène de Mesmer et de Ca- gliostro qui, les premiers, le firent connaître en France. Jetons donc un premier coup-d'ceil sur leurs procédés et sur ceux de quelques autres magnétiseurs des premiers âges modernes. Lorsque Cagliostro "daignait donner une séance de ce qu'il appelait nés Colombes, il faisait venir, dans son salon, où, après un repas splen- dide, il avait réuni l'élite de la société, et qu'il faisait éclairer par des procédés où l'optique et la fantasmagorie jouaient un grand rôle, plu- sieurs petits garçons et plusieurs petites filles de 7 à 8 ans. 11 choi- sissait, dans chaque sexe, la colombe qui lui paraissait montrer le plus d'intelligence; Lorcn/.a Felieiani , sa femme, après l'avoir