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564        SENS ET MORALITÉ DES ÉLECTIONS DU 10 MARS.
viendra-Ml ? Peut-être quand on aura passé par l'épreuve d'une ma-
jorité rouge. Sans doute, il vaudrait mieux que ce fût dès à présent ;
 car, enfin, s'il y a plus de prudence à répudier l'emploi de la force, i'
y a peut-être moins de logique, dès qu'on ne veut pas delà concilia-
 tion, ou que l'on n'en veut pas de la seule façon qu'elle peut se faire-
C'est une inconséquence de [ne savoir aller ni d'un côté ni de l'autre,
de déclamer contre le suffrage universel et d'en subir les arrêts, de
n'oser détruire la Constitution et de ne pas la faire honorer, enfin de se
laisser acculer aux élections générales de 1852, sans daigner désar-
mer l'opinion publique qui menace, et sachant qu'on n'a pas les
moyens de lui résister.
    S'il est un lieu où cette vie au jour le jour doit sembler pesante,
c'est surtout dans les hautes régions du pouvoir, où la responsabilité
n'est point disséminée sur un grand nombre de têtes. Aussitôt après
l'élection du 10 mars, à Paris, on répéta de tous côtés que le minis-
tère se retirait, et qu'un nouveau message allait être adressé à l'As-
semblée législative, pour annoncer l'inauguration d'une politique nou-
 velle, et la formation d'un ministère de demi-gauche. C'était la logique
des faits qui se révélait ; mais, dans une route semée de passions et
d'obstacles,la logique ne marche pas si vite. Le ministère n'a subi qu'une
modification insignifiante, qui ne satisfait ni la droite, ni la gauche.
 On annonce, au contraire, une liaison plus étroite entre la majorité
 et le Pouvoir exécutif. Qu'en est-il? Nous nous souvenons que, la
 veille du 31 octobre, on annonçait aussi un ministère de la droite
parlementaire. Il faut que les faits amènent leurs conséquences, et ces
faits sont ceux-ci : que la popularité du pouvoir, sa sécurité, ses bases
 sont maintenant du côté gauche. Il est impossible qu'on n'ait pas
 conscience de cette situation, dans les conseils de l'Elysée, dans ces
conseils où l'on ressent douloureusement la tutelle qu'impose la
 droite, et où l'on a si souvent montré des velléités de secouer le joug-
Aujourd'hui, l'occasion, le moyen ne sont-ils pas trouvés? Sans doute,
on y songe ; mais une politique patiente attend son jour, et nous,
nous croyons au message.                                 N.

   P. S. — Nous serions-nous trompés ? L'alliance du Pouvoir exécutif
et de la droite est vraie en effet, vérité du moment, et elle se signale
par les lois de septembre de la République. Sur quelle base avions-
nous raisonné? Sur ce que l'intérêt réel, l'intérêt pressant du Pouvoir
est de se rapprocher de la gauche. Ce qui se passe renferme un étrange
mystère ou une déplorable erreur. L'avenir lèvera les voiles !